Série CARNET DE VOYAGE D’UN CANADIEN AU SÉNÉGAL (CVCS) publié en articles dans le cadre de l’anniversaire de ce voyage initiatique réalisé en février 2013 dans le cadre d’une mission militaire de formation au Sénégal. Ici, le neuvième article d’une série de douze.

DU 2 FEV AU 2 MARS 2013
MÉMOIRES DE CDC
Article Suivant SEN1-10 UN SOUPER À PIKINE : https://lesparolesdechris.wordpress.com/2023/02/24/voyages-decouvertes-cvcs-sen1-10-un-souper-en-famille-a-pikine/
Article précédent : SEN1-08 Dernière visite au Lac Rose : https://lesparolesdechris.wordpress.com/2023/02/24/voyage-decouvertes-cvcs-sen-1-08-derniere-visite-au-lac-rose/
Album photo du Monument de la Renaissance https://www.facebook.com/chris.cote.589/media_set?set=a.134746256704111&type=3
SEN1-09 – SMALL ACT SPEAK LOUD
Ou comment le bonheur se trouve parfois au fond des petites choses…
23 fév 2013
Jour 21
Attention : récit spiritualo-philosophique sur les observations humaines, très différent des autres textes, sur un autre niveau de conscience.
L’observation
Je suis sur-stimulé, j’ai le cœur qui palpite, la tête qui tourne…
Aujourd’hui nous sommes allé visiter le Monument de la Renaissance, une immense statue stalinienne à la gloire de l’homme nouveau Africain. Le lien pour l’album photo est plus haut, c’est à donner le vertige.
C’est hallucinant ce que je vis ici. Je ne dors à peu près pas, mais j’explose littéralement, nourri d’une énergie spirituelle magnifique. L’Univers s’exprime à travers moi à chaque jour que Dieu fait.
Chaque jour que je vis est un enseignement absolu en matière de spiritualité, d’humilité et d’apprentissage de la vie.
La lumière qui est en moi ne demande qu’à surgir, tout en s’inspirant, en s’abreuvant à même la source de l’Univers par les mots de l’homme, par les gens qui m’entourent…
Les Dakarois (et la statistique étant si élevée que je pourrais sans doute parler des sénégalais en général), font preuve d’une vision de la vie inspirée de l’Islam, mais qui trouve dans le quotidien une application si intéressante, qu’elle bouleverse tous mes fondements Nord-Américains dans la relation vis-à-vis de son prochain, basée elle-même sur le monde judéo-chrétien.
Tous les jours, je plonge dans des conversations extraordinaires, nourrissantes et intéressantes avec les gens de la place. Ils sont des géants dans leur humilité. Cette humilité économique et sociale justement, qui est la source de leur recherche constante de réconfort dans quelque chose de plus grand que soit.
La capacité de se tourner vers l’extérieur de soi (à travers Dieu ou les relations avec l’entourage) pour chercher du réconfort, de la force, et même un sens à ses actions projette les gens dans une dimension humaine, développée 100 fois comme la nôtre. Notre perception de la vie basée sur une approche économique et sur une relation à l’argent pour combler un vide de conscience de soi nous isole de la vrai source de satisfaction et de bien-être, que sont notre entourage, les gens, l’Univers.
Je conforte (confronte/présente/constate/observe) ici tous les jours une vision qui a besoin de l’autre pour donner un sens à son existence. Jusqu’à date, ce que j’observe de la vision sénégalaise est beaucoup plus pragmatique et compréhensive que je ne l’aurais imaginé.
Il est vrai que Dakar, et le Sénégal, ne sont pas représentatifs de TOUT le monde islamique, mais l’application faite ici de la religion n’est nullement une menace pour quiconque d’une autre religion, bien au contraire. Et eux-mêmes ne sont pas d’accord avec ce que projettent les combattants du Mali, ou de n’importe où dans le monde qui se battent au nom de l’islam.
Constat
Je crois qu’il faudrait les emmener à se déclarer eux-mêmes d’une frange différente de ces combattants menteurs au nom d’Allah. Un ami d’ici, Tafsir-le-bagagiste, m’a même dit que selon lui, ces créateurs de souffrance et de mort au nom d’une vision religieuse n’étaient pas de vrais musulmans.
Alors! que jme dis, mais pourquoi ne pas développer, renommer simplement les deux différents Islam ! Imaginez que le monde pacifique islamo-chrétien gagne la guerre de la terreur simplement en s’accordant sur l’intention face à l’autre, décimant ainsi la nature de la séparation idéologique. Par les mots, suivit d’actions, nous pouvons évoluer et nous accorder avec notre entourage, personnes ou États.
Les sénégalais prônent une approche compréhensive, un mode d’action par l’accomplissement de soi dans le travail, loin d’une passivité apparente. On prône que l’on grandit dans les épreuves, on y tire les leçons de la vie plutôt que de se plaindre de son sort. Loin des radicaux qui accusent l’occident de tous les maux. Au contraire de se croire PUNIT par Dieu pour la dure vie, ils se croient privilégiés d’avoir la chance de traverser des épreuves qui les confortent dans leur amour de Dieu.
La compréhension des leçons
Kevin Parent, le chanteur québécois, disait un jour dans une entrevue que malheureusement, on ne créait pas dans le bonheur, car trop confortable. La source de l’inspiration venait des moments difficiles de sa vie. «Quand chu trop ben chproduit pas» disait-il avec son accent gaspésien.
Cela m’avait choqué, je trouvais cela triste d’avoir besoin d’être dans la souffrance pour ressentir. Il n’est pas agréable, au commencement de votre vie, de vous faire dire que vous devrez rencontrer des épreuves pour grandir. Mais j’ai eu tôt fait de saisir l’essence de ce que cela voulait dire, en reconnaissant que c’est dans la réflexion qui suit la souffrance que l’on tire la sagesse des expériences vécues, des leçons de La Vie™.
Pour que leçon il y ait, il doit d‘abord y avoir souffrance, déchirement et bouleversement, sinon, nous ne sommes pas porté à nous arrêter pour réfléchir. On est juste «bien», et qui a besoin de se remettre en question quand il est bien ? Le confort matériel entraîne la paresse de l’âme.
À l’inverse, le fait d’avoir à subir tous les jours des épreuves, vous rend reconnaissant des petites facilités qui vous rendent justement, la vie plus facile. Lorsque vous n’avez pas d’eau chaude, de chauffage ou de compte en banque, vous êtes juste contant de pouvoir profiter des petits privilèges qu’offre l’existence de façon fortuites et impromptues.
En fait, cela vous emmène à les rechercher, et à reconnaitre les signes de destinée dans le quotidien. Les musulmans pratiquants d’ici appellent simplement cela Dieu, Allah dans leur cas.
Selon les observateurs d’ici, les choses bonnes ou mauvaises qui arrivent, lorsque résultant de la volonté divine, prennent une autre dimension et vous ramènent à votre pleine mesure : nous sommes petits devant Lui, tout en étant Lui, l’autre, vous, Moi…
Tout revient à s’ouvrir à l’autre en passant par l’acceptation de Dieu dans un ordre des choses, dans une conception de la vie qui enlève une sorte de culpabilité ou de responsabilité ou plutôt du pouvoir que l’on a sur la vie.
Tout en agissant tous les jours pour agir et assumer la volonté supérieure, les choses qui se produisent sont voulues. On vous protège ou vous puni. Vous vivez sous l’œil d’un Tout conscient, qui par votre propre conscience à vous, vous punit ou vous soulage par les expériences quotidiennes.
Moi, j’appelle cela l’Univers. Il y a de grands parallèles à créer entre une vision décorporée de la religiosité, et l’approche millénaire enveloppée dans les mots du Coran.
Pour mon ami plagiste ISMA, magnifique esprit éclairé par la main de Dieu lui-même, Allah ne fait souffrir que ceux qu’il aime, car c’est dans cette souffrance que l’homme se tourne justement vers Lui. Et c’est là que se situe toute la ligne de fracture entre NOTRE vision, et LEUR vision. C’est dans la relation dynamique à la souffrance ou au bien-être, défini par l’approche de Dieu.
S’il est vrai que pour bien des hommes blanc, Dieu ne se révèlera que devant les immenses souffrances qu’il rencontrera au cours de sa vie, l’homme de la terre de feu lui rend grâce tous les jours et jamais ne remettrais en question son existence.
Lire les signes de l’Univers
À tous les jours, l’Univers me parle par la bouche des gens que je rencontre. Sans cesse à travers leurs mots j’entends, je vois des images claires et éblouissantes, des messages passés ou présents qui me sont adressés par Le Réseau Supérieur, l’Univers, La Source à travers les mots des sénégalais.
Dès le début de la deuxième semaine, des gens d’ici m’ont renommé Souleymane, du nom du prophète[1] (Salomon pour les Chrétiens) qui entendait et parlait le langage des oiseaux et des insectes, et du vent et de la vie… et cela m’a fait réfléchir à toutes ces fois ou, à travers des observations de la nature, dans un vol d’oiseau, un mouvement d’insecte ou les paroles du vent, j’avais entendu ou perçu la confirmation de mes pensées ou la bénédiction de mes choix par le Grand Tout, le Réseau Supérieur.
Je crois que cela m’est encore arrivé aujourd’hui. Au cours d’une profonde discussion avec Tafsir sur le toit de l’hôtel, lui qui est un esprit très ancré à sa religion, nous avons évoqué des sujets capitaux pour lui, sur l’atteinte de sa destinée, et à un point stratégique de la conversation, est apparue une mouche, qui marchait. Mais pas juste un peu, elle est apparue sur le bras de Taf, il l’a soufflé, elle n’a pas bronché. Elle a marché jusqu’à moi, en faisant un long et ardu détour au sol, pour se ramasser exactement sous mes fesses. Tout cela sans voler. Cela représentait un parcours extrême pour elle.
Elle était si remarquable, que nous nous sommes interrompus pour l’observer. Ni lui ni moi n’avions jamais vu une mouche se comporter ainsi. C’est ça le genre de signe, une anomalie sortie de nulle part pour vous faire prendre conscience du moment, un truc qui vous dépasse, et que vous pourriez voir, ou non. Mais c’est là, et ça vous confirme que vous êtes connecté à La Source, et sur le bon chemin. L’unicité et la singularité du signe souligne peut-être même l’importance à lui accorder.
D’un point de vue rationnel il serait aisé de dire qu’en fait, à rechercher les symboles on les voit, mais d’un point de vue mystique, il serait aussi aisé de dire que l’Univers lui-même nous parle par le mouvement de La Vie™, dans les petites comme dans les grandes choses.
Il y a ces immenses monuments fabriqués à la gloire de l’ego qui transmettent un message. Mais parfois les mouches nous peuvent nous parler plus clairement encore. À nous d’écouter.
Small Act Speak Loud.
Chris
Article Suivant SEN1-10 https://www.facebook.com/notes/les-paroles-de-chris/cvcs-sen1-10-rencontre-autour-dun-souper-s%C3%A9n%C3%A9galais/1516037525217843/
Article précédent : SEN1-08 Dernière visite au Lac Rose – https://www.facebook.com/notes/les-paroles-de-chris/cvcs-sen1-08-derni%C3%A8re-visite-au-lac-rose/1516035265218069/
Album photo du Monument de la Renaissance https://www.facebook.com/chris.cote.589/media_set?set=a.134746256704111&type=3
Voir texte anecdotique intitulé «LE WASHER» qui porte sur un sujet similaire https://www.facebook.com/notes/les-paroles-de-chris/r%C3%A9flexion-spiritualit%C3%A9-le-washer/156972441124365/
[1] Le Prophète Soulayman (a) était le plus jeune fils du Prophète Dawoud (a) qu’il succéda au pouvoir. Allah lui accorda le plus grand royaume jamais dirigé par un roi. Il avait le contrôle du vent et pouvait l’utiliser pour conduire son trône dans les airs. Les hommes comme les Djins lui étaient dévoués et il pouvait aussi donner des ordres aux oiseaux en leur parlant dans leur langue. En raison de ces bénédictions, le royaume du Prophète Soulayman (a) était puissant et bien des pays étaient sous son contrôle. Lorsque l’armée du Prophète Soulayman (a) se mettait en marche, elle inspirait la terreur.