Série CARNET DE VOYAGE D’UN CANADIEN AU SÉNÉGAL (CVCS) publié en articles dans le cadre de l’anniversaire de ce voyage initiatique réalisé en février 2013 dans le cadre d’une mission militaire de formation au Sénégal. Ici, le onzième article d’une série de douze.

DU 2 FEV AU 2 MARS 2013
SEN1-11 : SOIRÉE SPECTACLE DE DÉPART
MÉMOIRES DE CDC
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Album photo de scènes en ville https://www.facebook.com/chris.cote.589/media_set?set=a.134755126703224&type=3
SEN1-11 – DERNIER JOUR DU COURS
Remise des travaux longs, présentations devant la classe
Soirée d’adieux et de départ
28 fév 2013
Jour 26
J’ai mal dormi, mais ne me sens pas fatigué du tout.
J’ai la tête qui n’arrête pas. Je suis empli d’inspiration, d’idées, de spiritualité. En fait je n’ai pas dormi parce que j’explose d’énergie. Le feu me brûle les veines, je suis privilégié de me sentir si bien, si fort, et j’ai atteint un niveau ou la seule énergie spirituelle me suffit pour fonctionner. Je mange peu de nourriture physique, mais m’abreuve aux récits de l’Islam que j’entends tous les jours. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Bizarre. Je tremble dans mon corps et suis fébrile.
Ce matin, et toute la journée en fait, nos candidats présentent les résultats de leurs travaux. Au cours de la dernière semaine, nous avons enseigné les rudiments pour être un bon instructeur. Je me permet de préciser à ce titre que nous, les Canadiens, avons parmi les meilleures techniques d’instruction militaire au monde. Notre pédagogie est extrêmement performante et adaptable pour enseigner à peu près n’importe quoi. C’est pourquoi nous enseignons, en plus de la Coopération Civilo-Militaire, les techniques pour prodiguer les meilleures leçons possibles. Nous appelons ce segment du cours « Formation des Formateurs », et cela a duré toute la 3e semaine. Nous espérons ainsi qu’à leur tour, ces candidats sauront implémenter dans leurs propres organisations des techniques d’enseignement efficaces.
Il fait chaud ce matin, mais c’est confortable. En fait je me demande s’il fait moins chaud, ou si c’est moi qui deviens plus habitué. J’ai l’impression de beaucoup moins souffrir de la chaleur depuis quelques jours. Tant mieux. Mais trop tard. On part dans deux jours.
Sauf que je me sens fébrile pour une toute autre raison. Il se trouve que dans la semaine précédente, j’avais eu la vision d’une soirée de départ au cours d’une discussion avec Isma. J’ai laissé cela mûrir quelques jours, et puis j’ai couché sur papier ma vision. Je voyais tout dans ma tête, la musique, la bouffe, la présentation power point avec défilement de photos prises au cours du dernier mois illustrant toutes nos expériences. En l’espace de dix minutes, j’ai pondu un plan, j’étais inspiré, connecté. J’en avais parlé au directeur de l’hôtel, M. Ibrahima le jeudi précédent, en lui exposant ma vision d’une soirée de départ à laquelle nous étions prêt à participer financièrement, dans une mesure raisonnable. Il m’avait fait comprendre qu’il était «ouvert» à l’idée, mais sans me révéler qu’il était déjà bien avancé sur le projet par sa propre initiative. En fait il avait tout prévu à quelques détails près ! Mais cela n’a été qu’au lundi suivant avant qu’il ne me confirme la faisabilité, me laissant mijoter dans mon jus tout le week-end. Il riait quand il m’a confirmé que cela aurait lieu, me rassurant et m’invitant à inviter tous les participants du cours avec leurs compagnes, pour celles qui étaient disponibles.
Excellent, Excellent ! M’étais-je alors dit ! Wow! Ça va être super trippatif, comme le dirait l’homme de radio Jacques Languirand (Émission Par 4 Chemins) !
J’étais donc excité en me levant, sachant que c’était ce soir que se passait LA soirée. Et comme j’y avais consacré quelques heures de préparation pour les Photos, un petit discours, un ordre des événements et « la promotion » auprès des participants du cours, ainsi que des employés de l’hôtel, j’espérais que tout irait pour le mieux.
Journée éclair
En fait, on ne voit pas la journée passer. Ou l’inverse même, le temps s’étire. En tout cas, pour moi de façon incroyable. Je voudrais être ce soir mais tout de suite ! Le ti-cul en moi est impatient de faire la fête bien entendu… Vous savez, quand vous avez l’impression que les aiguilles de l’horloge dansent le tango, deux pas devant, un pas derrière… c’est loooong!!! Mais en même temps, bah! Je fais juste mon difficile parce que je voudrais étirer encore le temps. Je ne suis pas prêt à partir d’ici. Et je sais que ça s’en viens demain. Ça me fait une tite angoisse, une tite boule dans le ventre, mais pour l’instant, ce n’est pas La priorité ! Pour l’instant, il faut tout miser sur ce soir !
Toute la journée, nous assistons donc aux leçons préparées par les candidats dans le cadre du module « Formation des Formateurs » et c’est avec grande fierté que pour la plupart nous pouvons constater une énorme amélioration chez la majorité des étudiants. Je dirais qu’au moins la moitié des candidats a compris une bonne partie des objectifs du cours, et plusieurs d’entre eux sauront aussi transmettre une partie de leur apprentissage à leur entourage professionnel. C’est l’objectif. Mais il y en a qui n’ont rien compris. Vraiment…
Je profite de la légèreté de la journée pour offrir à mes candidats des « Cogns » Régmentaires, il s’agit de grosses pièces de métal frappées du sceau de mon unité d’infanterie, cela est signe de considération et de prestige. Nous prenons de nombreuses photos au cours de cette journée, qui finalement, aura quand même passé assez vite…
Retour à l’hôtel
J’ai le cœur qui bat à fond. J’ai hâte de rentrer à l’hôtel pour voir comment vont les préparatifs. J’ai très hâte de voir comment cela sera. Dès l’entrée dans l’hôtel, je perçois une frénésie, une excitation. Il y a visiblement quelque chose qui se passe, tous les employés sont sur le pied de guerre, l’atmosphère est nerveuse. Les femmes de chambre arrivant du sous-sol passent dans les escaliers les bras plein de nappe, les portiers sont utilisés pour le transport de tables et de chaises vers l’arrière, et les bagagistes sont à la course.
M. Ibrahima, le directeur est dans l’entrée du haut de ses six pieds six pouces pour 260 lb solide, « Haaaaaaaaaa mais c’est le maître de cérémonie, Mr Christophe! » Dit-il dans un grand geste d’accueil en ouvrant les bras. « Mais non, je ne suis qu’un serviteur de la soirée, c’est à vous que reviens tout l’Honneur du montage » Et on se serre la main amicalement! On se fait une petite rencontre de production de cinq minutes, réglant quelques détails sur l’ordre de présentation et d’accueil, et je mon te direct à ma chambre.
Ma fenêtre du 4e étage donnant sur la cour intérieure, je monte rapidement et observe la scène d’en haut. Il y a un orchestre qui se prépare, les musiciens font des test de son, mais déjà la musique sénégalaise empli la cour de sa chaleur et de ses rythmes mystiques. Je suis très excité, heureux, je me sens bien. C’est beau, le soleil se couche sur la ville, il va disparaître derrière les buildings qui nous entourent d’ici quelques instants, préparant ainsi la «salle» pour les feux des lumières artificielles de la scène.
Durant toute la journée de ce jeudi, je constate que les employés ont montés les tables, préparés l’espace, embellis les lieux et fais mousser la surprise. Ils se sont bien avancés durant notre absence de la journée. Les tables commencent à prendre place, les plagistes, au lieu de travailler au montage des tables eux-mêmes, font comme toujours : la fête ! Ils chantent à tue-tête dans les micros et font des beats sénégalais, ils font danser les employés qui eux s’affairent autour des tables, chaises, nappes et ustensiles. C’est magique, l’ambiance est survoltée et nous ne sommes même pas encore à la soirée et Wow !
«Haaa ces garçons ! Ils ne sont bons que pour s’amuser!» semblait dire les regards amusés de quelques femmes au travail.
Je m’assure de passer voir chacun des employés autour de la piscine, leur donnant un petit mot d’encouragement et de remerciement pour ce qu’ils font « HAAAA mais c’est que vous nous faites travailler fort Mr Christophe !! » me lancent en riant les femmes de service du restaurant qui montent les tables. Hep! C’est comme ça ! Pour s’amuser bien, il faut se préparer bien ! Je salue aussi les membres de l’orchestre en m’assurant de synchroniser avec eux le moment des discours de la soirée.
« Alors les mecs ? Ou croyez-vous que je pourrais installer mon projecteur pour les photos ? »
Oups ! Ils n’étaient peut-être pas informés de cela…
Les quatre ou cinq employés en face de moi sont tous des techniciens ou hommes de mains, mais surtout, tous des mecs de party rieurs et farceurs à souhait, qui préfèrent 100 fois boire du thé, parler et fumer des cigarettes que de faire leur travail.
Comme m’avait dit le propriétaire, un français, à mon troisième jour « Ils sont gentils, mais il faut savoir leur botter le cul à ces comiques hein ? » avec un sourire en coin. Il aimait beaucoup ses employés ce monsieur, mais savait leur parler car habitait le Sénégal depuis trente ans. Et il savait qu’ils étaient plus portés sur la détente que sur la patente.
Pas de problème pour le projecteur que je me dis… Je suis dans la maison depuis un mois maintenant, je sais parfaitement quoi faire, et comment le faire. Je vous l’ai dit : j’ai eu la vision, donc il y’a comme un plan à suivre. C’est tout.
« Malik, ça nous prend des rallonges électriques, Pap Diop, ça nous prend un escabeau, Mohamed, il faut dévisser un tube fluorescent, Isma, ça me prend une petite table haute comme ça avec une petite nappe» et go ! C’était parti. En deux minutes j’avais toute l’équipe de chanteurs-Amuseurs qui se mettait au boulot pendant que les femmes de chambre et serveuses déjà au travail, montaient les tables et ustensiles pour les convives en souriant. Enfin quelqu’un leur faisaient s’activer les fesses à ces chanteurs de pomme !
Je reste avec eux encore une dizaine de minutes, et dès que mes installations électroniques sont fonctionnelles, je me retire pour ne pas les distraire de leurs tâches. Je suis un peu trop Alpha pour ici. Si je reste, je crain de prendre le contrôle, et ce n’est pas ça le but. Je tiens à me laisser surprendre par eux. Je les laisse à leurs fonctions, même si cela me démange de rester ici et de donner un coup de main.
Préparation
Je me retire à ma chambre et décide de m’empêcher de retourner au bord de la piscine avant que la soirée ne débute formellement. En attendant, j’ai de la rédaction à faire, et je désire me mettre en esprit pour la soirée, besoin d’un recul avant de plonger.
Et je veux me mettre beau aussi, je veux en foutre plein la gueule. Ça adonne bien, car au cours de la semaine, le troisième chauffeur, Babacar, le plus grand, large, mature et responsable m’a offert un cadeau. « Tu sais, tu n’es pas comme les autres toi ! Je n’ai jamais connu un blanc comme toi avant ! Je t’aime beaucoup toi ! ». En signe d’amitié, il m’a offert un magnifique boubou (habit traditionnel sénégalais) fait sur mesure, parfaitement ajusté à moi, d’un confort total. Je ne sais pas comment, mais le gars m’avait évalué à l’œil, et avait donné mes mesures à un couturier, et ce dernier m’avait conçu un habit sur mesure. Et il arrivait à la perfection, j’étais très impressionné. C’est mardi que Babacar m’en a fait cadeau, mais malheureusement, ce dernier n’a pas pu participer avec nous à la fête, son père de 103 ans est mort le jour même, et il a dû quitter notre groupe pour aller aux obsèques.
Je me promettais d’autant plus d’honorer son cadeau et de le porter fièrement avec prestance et dignité. Et c’était ce soir le grand soir. Je revêts donc mon boubou. Putain que je suis beau avec ça, les gens vont adorer.
La soirée
Il fait noir maintenant. Le soleil est couché et nous sommes illuminés par les feux de la scène ainsi que le bleu de la piscine éclairée. Alors que je descends les marches extérieures jusqu’à la piscine, j’ai l’impression que mon corps et mon esprit se séparent. Même si j’ai descendu ces escaliers plus de cent fois dans le dernier mois, c’est comme si c’était la première fois tellement l’environnement est changé.
Tout autour de la piscine, des tables sont montées pour accueillir les gens qui voudront s’asseoir un instant pour manger. L’orchestre traditionnel sénégalais est déjà en feu et fait vibrer toute la cour intérieure ET l’eau de la piscine avec ses rythmes enflammés. J’adore. Mais en fait, plus ça va, plus j’ai l’impression de m’observer par en dessus. C’est comme si ce n’est pas moi qui pilote, mais quelqu’un d’autre. Mon corps sait parfaitement ce qu’il a à faire, mon esprit observe. Je fais une première tournée de salutation, plusieurs personnes sont arrivées, il n’en manque que quelques-uns.
Tout le monde est habillé de ses plus beaux atours du moment. Les sénégalais qui le peuvent sont en boubou eux-mêmes, les arabes sont en habits d’arabe, les femmes en robes (plus sexy que l’uniforme quand même) et les autres… et bien ils sont aussi bien habillés ! Tout le personnel de l’hôtel s’est changé, il n’y en a que quelques-uns en uniforme, tous les autres sont en civil, et prennent part à la fête. Ce sont d’ailleurs eux qui partent la fête en dansant et en chantant avec l’orchestre. C’est magnifique.
Tout le monde qui me voit a une réaction très forte, ce que j’escomptais évidemment avec mon boubou « Haaaaaaa mais c’est qu’il est un vrai sénégalais maintenant celui-là !». En effet, des amis d’ici ont eu tôt fait de me rebaptiser Souleymane Ndiaye dès la première semaine, c’est mon nom sénégalais. Je me sens comme un prince, les gens m’offrent de très beaux commentaires, c’est très flatteur. Je fais des tournées, m’assurant du bien-être de tous, voyant à ce que tout le monde s’amuse. Ali arrive enfin ! Mon Ali, je tenais à ce qu’il prenne part à la soirée absolument, ce petit mec qui nous a tant aidé au cours du mois. Je suis content, mes patrons semblent apprécier, les collègues aussi, de même que tous les candidats et le personnel de l’hôtel. Finalement, c’est vraiment une réussite. Le party est pogné dans la place.
Bon! Je crois que c’est le temps de dire un petit mot. Je vais au chef d’orchestre, échange un clin d’œil avec M. Ibrahima, le directeur, on baisse la musique, me tends un micro… « ASALAM ALEIKUM!! » « ALEIKUM SALAM » me répond la foule à l’unisson, trop drôle. Je me sens totalement en confiance en ce moment, maître de ma destinée, de mes actions, je me sens fort, beau et à ma place. Je VIS. Merci à l’Univers. Ayant participé activement à la préparation de la soirée et à sa promotion, je chauffe encore plus la foule qui cri et applaudi joyeusement à mes boutades.
Il est très important pour moi de remercier activement le personnel de l’hôtel qui nous a servi, supporté, lavé, nourri et enduré durant le dernier mois, ainsi que nos 40 candidats. Il y en a qui ont été malade, qui ont fait des dégâts, au moins un qui a une explosion intestinale et a repeint les murs de sa toilette, un vrai désastre… Je trouvais important de remercier ces gens qui avaient été bons avec nous. En plus de leur service, ils nous ont offerts leur amitié et nous ont enseignés les rudiments de l’Islam, à travers la société Sénégalaise. La plupart ne sont plus pour moi des employés, mais des amis.
Je termine cela avec le souhait de les revoir, en félicitant les candidats de leurs accomplissements, et avec un dernier mot pour le directeur de l’hôtel et son personnel. J’ai droit à une petite ovation, c’est délicieux. Le moment est pour moi délicieux, cela me fait vibrer de tout mon être. Mon Âme est touchée en ce moment, je suis totalement branché à La Source de l’Univers, et l’Univers me rempli d’une Énergie Divine et incroyable.
Dans un dernier geste de salut à la foule, je passe le micro au directeur, qui offre aussi quelques remerciements, et qui lui, passe le micro à un capitaine sénégalais qui devait s’occuper de remettre des cadeaux aux instructeurs.
Là, c’est une autre histoire. Le gars est teeeeeelement pas là ! Ayoye ! C’en est gênant. Il TENAIT à prendre le micro, mais le gars est pire qu’une couche de bébé pleine quand vient le temps de s’exprimer.
« alooooooors————-nous alloons——————-remettre—————-des présents—————euuuhhhh————-à nos amis————– du canada ! »
Euuuuuuurk ! Ça vient de lui prendre une minute pour prononcer 10 mots !
Il commence donc à appeler un candidat à la fois, à qui il remet un habit traditionnel, pour que celui-ci nous le remette en main avec photo et poignée de main. MAIS QUEL CON CE MEC ! Il se mélange dans l’ordre des appels, mélange les noms, les habits, ce qui a pour résultat que finalement, n’importe qui remet n’importe quoi à n’importe qui. Haaaaa l’Afrique !! Donc pour moi par exemple, au lieu que ce soit un de MES candidats qui me remette mon cadeau, c’est un body quelconque d’une autre section, un anglophone de surcroît, que je ne connais pas et avec qui je n’ai eu aucune interaction durant le cours. BRA-VO champion.
Donc le mec en quelques minutes fait retomber le party au niveau d’un cadavre abandonné au soleil depuis longtemps. Les gens parlent entre eux, personne ne l’écoute, c’est loooong ! Et moi je sens qu’on perd la salle… L’ambiance est en train de foutre le camp à cause de cet imbécile de Merde ! Le gars est tellement idiot qu’il fait même venir quelqu’un pour lui remettre son cadeau à lui-même! Genre « Cadeau à moi-même de moi-même ». Il lui met dans les mains pour le reprendre aussitôt. C’était vraiment stupide. Mais, au moins, ce n’est pas fini, il reste encore un peu de temps pour rattraper ça. Le mec fini finalement de parler, sans applaudissement, on est juste content qu’il lâche le micro, et l’orchestre peut reprendre du service. Les musiciens se lancent immédiatement dans une pièce ultra énergique pour rehausser la foule présente. Les gens reprennent du plaisir, recommencent à manger, à discuter et à danser.
Voyant que je m’occupe plus de l’événement que de moi, le plagiste Isma avec qui j’ai développé une relation plus intime au cours du mois me fait la surprise de s’occuper de mes besoins sans que je n’ai rien à demander. Il me prépare une assiette, des drinks, me force à m’asseoir pour manger. Il me seconde dans tout, il m’a supporté dans le montage de la soirée, m’a préparé une assiette, il est debout quand je suis debout, il ne s’assoit que quand je m’assois et ne mange que quand je mange. Il ne passe que quelques minutes auprès de sa femme, à qui il m’introduit ce soir-là. Il me protège sans cesse. Je l’aime vraiment celui-là.
Soirée à l’eau !
La soirée a reprise du tonus et se déroule rondement lorsque j’observe un mouvement autour de moi. J’aperçois Pat et Raven, mon club des 700 livres, qui se vide les poches sur une table. Ha tiens ? Pourquoi ? Je ris en discutant avec les autres lorsque je vois l’un ET l’autre qui m’abordent en embuscade de part et d’autre, l’un à ma gauche, l’autre à ma droite, sans possibilité de fuite.
« Hello Chris, don’t you feel warm a little bit ? » me demande Ryan, le plus grand (260 Lb). Je lui regarde les pieds, il n’a plus ses souliers. Mauvais signe…
« Hoo im feeling pretty good, but you are right, its a little bit hot no? C’est trop chaud, je crois que je vais aller enlever un morceau…».
« No i dont think you will go anywhere » me réponds Pat, le plus gros (310 Lb) en me prenant le bras. Je sais parfaitement qu’est-ce qui se prépare en ce moment. Et j’ai tout intérêt à me vider les poches moi aussi. « Je peux enlever mes souliers au moins ? » « Oh Yeah, and your pocket ». Au moins ils sont cool et ne font pas ça en cochon. J’ai les oreilles qui sillent, la sueur me coule dans le visage, mais j’ai le sourire de fendu jusqu’aux oreilles. Je me vide les poches, enlève mes souliers.
Tout le monde autour de nous voit bien qu’il se prépare un truc, mais quoi ? Il y en a qui ont compris et qui rient déjà de ce qui s’en vient. Je donne ma caméra à Isma pour qu’il filme ce qui s’en vient.
Mes deux bourreaux me prennent solennellement par les bras et marchent à mes côtés, sans me laisser la moindre chance de me sauver. « Can i try to escape ? » « Dont even think about it » me répond Pat avec un large sourire. Tout le monde cri et rit très fort, les gens sortent caméra et kodak. Nous marchons jusqu’à l’extrémité opposée à l’orchestre de la piscine, les deux me font signe, et me soulèvent sur leur épaules, je salue tous les participants en levant moi-même les bras, et Vlan ! C’est l’envol ! Les deux mastodontes me propulse en un vol plané jusqu’au centre de la piscine, tout habillé en boubou. J’ai à peine le temps de me ressortir la tête de l’eau que je vois Isma, complètement habillé lui aussi qui me suit en se tirant à l’eau pour venir me sauver ! Il s’est projeté à l’eau sans une hésitation pour me joindre. Mais il ne sait pas nager! Je n’oublierai jamais ce moment. Il était comme un jeune, totalement excité comme un chat.
Alors que nous sommes tous deux au centre de la piscine, saluant tous les gens autour qui prennent des photos, je vois Pat qui regarde Raven avec un haussement d’épaule, et qui s’élance lui aussi en faisant une énorme bombe de 300 Lb et qui déverse l’eau tout autour ! Et Raven faisant mine de s’éloigner avec une mine de dépit qui prend à son tour son élan et qui se projette à l’eau! Wow wow wow ! Tout le monde cri et devient hystérique autour de la piscine ! Les gens ont un plaisir incroyable à voir ces fous de canadiens s’amuser de la sorte. L’orchestre redouble d’énergie, joue fort, les gens parlent fort, les photos se font aller… Cela a renforci incroyablement l’esprit de la fête, en rendant si unique le moment, inoubliable.
Mais j’entends tout d’un coup mon plagiste qui est en train de s’étouffer. Il ne nage pas comme moi, et en plus il a gardé ses souliers en se tirant à l’eau, ce qui rend plus difficile la nage. Et comme il fait quelques pouces en moins que moi, il ne touche pas au fond de la piscine, il travaille fort pour rester en surface. Tellement que c’est moi qui suis devenu inquiet.
Je l’ai pris dans mes bras et l’ai soutenu en surface, je l’ai embrassé dans le cou en riant, euphorique du moment. Je serais resté comme ça toute la nuit. Le temps s’est suspendu pendant un moment. Mais je l’ai porté au bord de la piscine pour l’aider à se sortir de l’eau. Nous sommes sortis, et en riant comme deux gosses, nous nous sommes dirigés vers la sortie, et il me dit «on y retourne?» GO! Et nous voilà que l’on se projette à nouveau chacun par notre côté de piscine.
En sortant de l’eau, il est allé voir sa femme, et je l’ai invité à monter à l’étage pour se sécher. J’y suis monté directement pour me changer rapidement, pantalon et chemise sèche pour la suite. Nous nous sommes retrouvés dans le hall, lui ai prêté des vêtements secs, et nous sommes redescendu auprès de nos invités.
Wow ! Quelle expérience !
Cela avait complètement changé le cours de la soirée ! D’une très bonne soirée musicale et sociale, cela devenait une excellente soirée mémorable et unique ! Touuuut le monde ne parlait que de cela ! Qu’est-ce qu’ils sont fous ces canadiens !? Je me sens en feu!!
Après cela, les gens ont commencés à quitter pour faire la fête ailleurs ou simplement se retirer à leurs chambres. Mais pour nous, c’était loin d’être fini.
Soirée en boîte
Je m’étais engagé auprès de mes collègues de travail pour sortir en boîte à la suite de la soirée à l’hôtel, mais en cet instant, je ne veux pas quitter Isma, on a trop de fun. «J’ai envie de rester ici!» lui dis-je. «Moi aussi je voudrais, mais tu dois y aller, c’est comme ça»… Nous voulions rester ensemble, mais lui accompagné de sa femme, devait la conduire à un taxi. Nous en avons profité pour nous saluer une dernière fois, il m’a promis de revenir me dire adieu le jour suivant. Le cœur serré, mais en fête, nous nous sommes séparés, sur la promesse d’un lendemain, il le fallait. J’ai salué Ali aussi qui se tenait dans la porte.
Avec les collègues, nous sommes donc partis pour une discothèque dans le quartier des friqués. De toute façon, toutes les boîtes de nuit sont pour les friqués et les touristes. Les « bons musulmans » ne sortent pas, ne fument pas et ne boivent pas. L’équipe de feu était composée de la femme instructeur canadienne Elisa, la femme instructeur japonaise Etsuko, l’instructeur venant de Tanzanie Wil, Dominic et moi, à laquelle s’est joint les deux instructeurs rigolos Colbert et Raven, ceux qui avaient passés toutes leur soirées du dernier mois accrochés au bar de l’hôtel (Colbert a bu pour plus de 2000$ en 26 jours! Et pris au moins 10 livres de mou!).
Nous embarquons tous dans l’Autobot, c’est Mamadou-le-colleux qui nous conduit. « Tu sais où aller Mamadou? – Oui oui pas de problème! ». L’ambiance est à la fête, tout le monde est très joyeux et de bonne humeur. Moi je me suis glissé des petites bouteilles de whisky dans les poches pour la route. Mamadou est au volant avec la femme instructeur japonaise, le reste est dans la boîte du pick-up. Moi je me sens totalement en état second, plein de grâce et de vie. L’air est doux sur mon visage, ça fait du bien. Je respire à plein poumons, putain que c’est bon. Et je suis vraiment euphorique du succès TOTAL de notre soirée. Je me sens ivre, mais pas d’alcool. De bonheur.
Le Patio
Après un déplacement d’une vingtaine de minute, en direction de l’aéroport et des quartiers riches, Mamadou stationne le véhicule, nous sommes tout ébouriffés mais bien aérés. « Voilà, c’est ici » nous annonce notre chauffeur. On débarque, il me prend par les épaules en marchant. Il a ses lunettes d’aviateur sous le menton, comme toujours. J’aime beaucoup ce gars, il est simple et très affectueux, colleux, attentif. Il me démontre beaucoup d’attention, surtout depuis la visite à Gorée, toujours après moi, toucheux au boute, protecteur. Il m’aime beaucoup aussi.
La musique électronique filtre du club « Le Patio », je me sens nerveux, j’ai hâte de voir ça. Je me demande si ce sera comme au club de danseuse avec mon ami Daniel l’autre jour…
Les portiers sont très chics, habillés en noir, ils nous sourient et nous ouvrent grand les portes. Nous passons la porte… Haaaaaaaaa quel bonheur de me retrouver dans MON habitat naturel!
Les feux lumineux inondent la place de mauve, rouge et bleu, toutes les couleurs y passent. Un grand plancher de danse en stainless s’ouvre devant nous (wow), plafond pas très haut, mais assez, toute une rangée de « boots », ou banquettes à ma gauche. Vous savez, ces modèles ou l’on peut s’assoir à 6 ou 8 autour d’une table basse pour discuter, et boire. Il y a une vingtaine de clients tout au plus. Musique « Dance-Club » comme dans n’importe quelle boîte de la planète. Bonne musique, le son est très satisfaisant. Et il y a des femmes, de très belles et grandes femmes habillées comme… attendez un peu ? Ha oui ! C’est bien ça. Elles sont habillées comme au club de danseuses. Ce doit être des putes. Mamadou a le sourire fendu aux oreilles « Alors Mamadou, qu’est-ce t’en dis ? Les files sont belles hein ?» « Oui mais ce sont toutes des putes » me répond t-il en riant. Il me confirme donc ma perception. Par curiosité, je lui demande «Combien ça coûte une fille?» «de 10000 à 100000 francs» Huuummm pas mal. Ça fait dans les 20 à 200 $. « Tu en veux une ? » me demande t-il avec insistance et un très large sourire «Non non, c’est juste pour savoir». Je me marre à fond.
Notre groupe s’avance vers le fond de la salle, les gens de la place nous regardent bien entendu. C’est nous qui sommes les « Toubab » (les étrangers blancs) après tout. Je ne vois pas le bar, mais où est-il ? Ha ! Juste là-bas, dans une arrière salle. J’irai voir plus tard. On s’assoit donc dans un des boots qui donne vue sur toute la place. Une serveuse arrive, prend notre commande avec confusion et désordre. C’est Mamadou qui commande pour nous, car elle ne parle pas vraiment français, et la musique très forte nous empêche de nous faire bien comprendre.
Elisa, superbe blonde naturelle de cinq pieds sept, solide, yeux bleu et sourire colgate, s’élance sur le plancher de danse, suivie par Etsuko, belle petite femme japonaise, extrêmement japonaise comme on peut l’imaginer. Je les joins rapidement et nous commençons à nous déhancher, très tôt rejoins par notre colleux et le reste des instructeurs. C’est drôle parce que Mamadou est très affectueux avec Elisa ce soir. Je crois qu’il n’avait pas remarqué à quel point elle est belle et sexy. Il me fait un signe des yeux très équivoque, et je lui livre la canadienne en toute confiance. Ils dansent comme deux amants, très naturel. Non mais qu’est-ce qu’ils ont le beat ces africains ! On danse, on ris, on sue. On s’amuse.
Mais là je suis essoufflé, retour à la banquette, Mamadou et Elisa viennent me joindre, il s’assoit à moitié sur elle, moitié sur moi. « Je vous aime beaucoup vous deux, vous allez me manquer ». Petite colle à trois, c’est bon. On se décolle un peu, Elisa part pour la toilette avec Etsuko. On prend nos verres… et je constate que Mamadou a une bière !
« Non mais qu’est-ce que tu fou avec ça ?? » que je lui demande en faisant signe à Dominic pour qu’il s’approche de nous… « Chez Ali tu nous disais qu’un bon musulman ne doit pas prendre même UNE goutte d’alcool car cela le rend semblable à l’animal…? » « oui mais tu sais… des fois… » répond t-il avec le sourire en coin, un peu gêné !
« Tu sais Chris, moi j’aime la vie. C’est pour ça que je suis dans l’armée, parce qu’on est plus libre. Moi j’aime baiser les putes parce que je peux les prendre par derrière, j’aime pas devoir les respecter par en avant. Quand c’est ta femme, tu peux jute faire ça en avant, alors je veux pas de femme. J’aime baiser tout court, COMME ÇA ! mais pour ça y’a que les putes. J’aime ça boire, j’aime fumer, j’en ai rien à foutre des autres… » Wow ! Ha ben Ça Alors ! Je suis Flabergasté. Dominic et moi on se regarde, et on éclate de rire en se disant que ENFIN la vérité sort… Je me disais bien aussi qu’il devait y avoir une faille !
LÀ on pouvait parler !
« Est-ce que tu crois que Elisa… Si elle parlait français??» wow ! Il avait un œil sérieux sur la canadienne maintenant ! Putain ce que je me marre! C’est trop cool, il nous dévoilait enfin sa vrai nature. Une chance qu’Elisa était partie aux toilettes! Dom et moi on répond en cœur «Oui bien sûr, je suis sûr que tu lui plais» et on rit. Nous recommandons d’autres verres pendant que tout le groupe est épars entre la piste de danse, maintenant pleine, et le bar, situé dans l’arrière-salle. C’est génial. L’ambiance est super hot, la musique est bonne, les filles suuuuuper belles, vraiment là, et mon Mamadou-le-colleux devient chaud un peu… mais chauuuud pas mal ! Si vous voyez ce que je veux dire…
C’est beau à voir, là il se laisse vraiment aller, il arrête pas de nous dire combien il nous aime, moi il me lâche pas, tout le temps su’moi, bras-dessus-jambe-dessous, et quand Elisa arrive, il l’embarque dans le tas. Elle a beaucoup de plaisir aussi, on s’amuse, se raconte des blagues, et les deux s’élancent sur le plancher de danse.
Wow, c’est beau, le mec il est en feu, et comme tous les africains, putain ce qu’il a le rythme ! Le tanzanien fait danser la japonaise, le sénégalais fait danser la canadienne, et ils s’échangent les partenaires, j’embarque dans la danse et let’s go ! Hallucinant ! On se ramasse tous sur le dance floor, moment suspendu !
En sueur je regagne la banquette, encore à boire ! Elisa arrive, les yeux brillants, Mamadou est encore sur le plancher. « Oh My God Chris Mamadou is an amazing dancer ! Hooooo i would like not to be here to be freeee… and i would like him to speak english »
Haaaa-Ha !! Familiprix !
Ça lui prendrait des condoms !
Mais oui !! Les deux en avaient envie ! Pourquoi pas ??
« But you know, i have a stong rulles witch is to never sleep with an africain, its too dangerous for HIV» Quoi ? Tu veux pas coucher avec un Africain parce que c’est trop dangereux pour le SIDA?? Heuuuu Heellooooo !!?? Ici ou ailleurs…
Oh My God, ma pauvre niaiseuse ! T’empêcher de vivre de si belles expériences juste «au cas où…» Merde, les capotes ça existe ! Mets-en deux au pire ! Pis c’est quoi cette histoire de vouloir que LUI parle anglais !? Tu viens bien d’un pays bilingue francophone ! Pourquoi ce ne serait pas toi qui parlerais français ? Noooon mais !!
Bah ! C’était son choix après tout! Mais qu’elle ne m’emmerdre pas avec ça plus tard hein ?
« T’as raison, oublie ça Elisa, c’est juste l’alcool, demain tu n’en aura plus envie ». Je n’y croyais pas du tout. Mais hep ! Fallait bien l’encourager en se foutant un peu de sa gueule hein ? Mais c’est dommage pour eux. Humainement je veux dire. Ils n’ont pas compris que le plus beau langage entre deux humains se passe de mots. Quand on fait l’amour, on n’a pas besoin de parler. Qu’importe si lui ne parlait l’anglais et elle le français ! Nulle parole ne saurait exprimer le langage du corps. Mais ils ne le découvriraient pas ce soir hélas.
Les discussions vont bon train, Colbert et Raven boivent bien à la santé des canadiens et ont de moins en moins de classe, mais on ne s’en occupe pas trop, Wil, Dom, Elisa, Etsuko, Mamadou et moi on lève nos verres à la vie et à l’Univers. Sauf que vient un moment ou Dom me ramène un peu à l’ordre « Ouais tu sais Chris, va falloir que l’un d’entre nous conduise, on ne peut pas laisser Mamadou prendre le volant, il a bu trois bière, il est chaud. Il n’a pas l’habitude de boire lui – et je crois que moi j’ai bu plus que toi » Merde ! C’est vrai, on n’y avait pas pensé à ça ! Bien entendu on ne pensait pas aux deux éponges qui s’effondraient sur la banquette. Bon, ça irait. « Pas de problème Dom, je me mets au 7-Up, continuez de vous amuser ». Aucun problème, cela me fait vraiment plaisir. Et cela me permettrait de vivre l’expérience de conduire dans Dakar. Heuuuu pardon, conduire un AUTOBOT dans Dakar.
Et nous voilà tous enflammés jusqu’aux petites heures de la nuit.
Retour
La musique bat encore son plein, mais nous sommes tous épuisés de notre très longue et émotionnelle journée. Quant à moi, je commence à en avoir assez d’être là, mais je suis dans une phase de connexion universelle. Je suis en état de grâce, cerveau hyper-stimulé, corps fébrile, cœur léger. Les deux hyper-éthérés ne font plus offices que de potiches, Etsuko et Elisa sont assises et discutent en riant, Wil profite du moment et Mamadou danse encore. Dom me fais un signe, j’acquiesce du bonnet et nous initions un mouvement de départ. La salle est pleine, la sueur coule des murs, les femmes sont érotiques, chaudes, les mecs dansent comme des endiablés. Je crois que l’Islam est resté à la porte ce soir. Il n’y a pas de musulmans ici. Que des humains. C’est très beau et excitant.
Tout le monde prend place à bord de l’autobot « you are sure that you can drive Chris ?» me demande Raven «Yep!» Je n’avais pas bu plus de trois verres avant de passer au 7-up, sur plusieurs heures. Etsuko prend place à côté de moi, elle connaît bien la ville et me guidera si besoin. Je trippe à fond. J’ai cette boule au fond du ventre comme si je n’avais jamais conduit. En fait je n’ai pas touché à un volant depuis un mois, ce n’est pas comme si j’étais rouillé, mais conduire à Dakar, même la nuit, ce n’est pas comme chez nous. Je me promets d’être très attentif et prudent. Les animaux dans la boîte du camion sont bruyants et délirants. Les deux éthylo-éponges se remettent en vie et crient comme dans un rodéo. Haaaa ces anglais ! Ils savent pas boire… Faut tout le temps qu’ils deviennent des animaux.
Je ne conduis pas vite, ralentissant sur les bosses de vitesses disposées à tous les kilomètres. Colbert, debout derrière la cabine, tape sur le toit du pick-up en criant « faster faster ! Dont slow down on the bump! » Pauvre animal ! Mais Bon, ok debord ! Je décide juste de moins ralentir, mais sans aller plus rapidement, et à chaque bosse, je les entends qui crient comme dans un manège. Je ne vais vraiment pas plus vite que j’allais, mais comme ils ont du fun, je ralentis moins ça c’est sûr.
J’ai un grand plaisir à conduire dans ces rues étroites, engorgées et serrées, comme issues d’une hécatombe nucléaire. Je contourne les obstacles en faisant bien attention à mes passagers, mais à ou moins une ou deux reprises, je fais de petits mouvements de roue qui les rend un peu nerveux en arrière. Les rues sont presque désertes, il est plus de deux heures du matin, seules les lumières orangées des lampadaires illuminent les coins de rues, balayées par le faisceau de mes phares de mauvaise qualité. Je ne vais donc pas vite du tout, je profite à fond de mon moment de conduite.
Nous arrivons enfin à l’hôtel. Je suis fatigué maintenant. «YOU FUCKIN NEVER DO THAT AGAIN» me lance Colbert au visage le camion à peine arrêté «NEVER AGAIN» renchéri Raven. What what ?? Il vient de se passer quoi là ? « Maybe was it a little bit fast Chris, you have to dont forget its not the same INSIDE the cabine, and OUTSIDE the cabine when you have passenger» me glisse Elisa avec un clin d’œil. Malgré cela je me sens tout bouleversé. Je suis en colère même. Quelle bande de cons ces deux là ! Ce sont eux qui me disent de ne pas ralentir, et ensuite ce sont eux qui me tombent dessus à l’arrivée ! Non mais Putain d’anglais saoul qui ne savent pas ce qu’ils veulent ! Je suis en calvaire ! Je suis incapable de répondre, j’ai un nœud dans la gorge, j’ai envie de pleurer même, je deviens en sueur, je manque d’air…
Heille Woooow les moteurs là ! Je suis en train de m’emballer ben raide moi-là ! Je monte à ma chambre pour essayer de me rafraîchir un peu à l’air climatisé. Je tourne en rond, j’ai juste envie d’exploser. Je suis vraiment en furie, mais ne comprend pas pourquoi je suis dans cet état. Incapable de me relaxer, je monte à l’étage pour cogner à la porte de Elisa.
« Can i get in ? » que je lui demande lorsqu’elle ouvre doucement sa porte. « Of course »
Je rentre dans la chambre, m’assoit sur le lit et étrangle un sanglot. Elisa ne dit rien, elle prend place à côté de moi en flattant le dos. Je crois bien que je suis épuisé finalement. J’ai besoin de repos, c’est ça. Ce fut une grosse journée, avec de grosses attentes et de grosses émotions, et leur petit blast de fin de soirée n’est qu’une goutte de trop dans un verre déjà plein. C’est drôle que j’étais plein de belles énergies, sans problème, et UNE goutte de mauvaise m’a crissé à terre en deux secondes, me paralysant totalement. Moi j’étais content de faire ce qu’ils me demandaient, pour leur plaisir, et au lieu de merci, ils me disent plus jamais en me criant presque après. C’est pour ça que j’étais fâché et déçu.
C’est con, parce que là, ils me scrappaient ma fin de soirée, sauf que c’était à moi de ne pas me laisser affecter à ce point aussi. J’étais juste trop fatigué, c’est tout. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive de pleurer, et ce n’est sûrement pas la dernière.
Donc je vide mon sac, m’essuie les larmes, reprend mon souffle et un verre d’eau. « Its nothing Chris, dont worry, those two jerks wont remember it tomorrow anyway. They are drunk! Ne laisse pas deux gars saoul te dire que tu as fait une mauvaise job. Tu nous as bien conduit ça, ça a très bien été, juste un peu vite sur les bosses, c’est tout, et les gars ont voulu te faire réagir…» Bon, au moins elle me rassurait. Ça me faisait du bien. C’est fou ce que j’étais en état de faiblesse à ce moment, parce que je me laissais affecter par une chose tellement pas importante, et qui ne faisait pas partie de ma job de surcroît.
Bon, c’est assez, on se secoue les puces, allez ! Il est 3 h du matin maintenant. «Thank Elisa, it was amazing tonight, bonne nuit». On se serre et je quitte.
Dodo
Bon, j’étais ok maintenant. J’avais repris mes sens, et après tout, Elisa avait bien raison. Je n’avais pas à laisser deux gars vraiment saoul me crier après justement parce qu’ils sont saoul. Je décide donc que finalement, cet épisode n’est vraiment pas important, j’allais régler ça dans les prochains jours…
Incroyable journée!
Merci La Vie
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Le voyageur