PUBLICATION ORIGINALE www.facebook.com/christophe.cote.355/posts/10157340947320353

TITRE : LA NAISSANCE DES LÉGENDES

RÉFLEXION SUR LE (((SOUL))) DU STEREO AFTERHOURS – TEXTE LONG FRANÇAIS

SUJET : Observation philosophico-machin sur la naissance des légendes de la nuit…

DATE : Événement du 10 NOV 2019 au Stereo Afterhours de Montréal.
TEMPS DE LECTURE : 7-10 min

SUGGESTION : Si vous n’appartenez pas au monde de la nuit, de la musique ou de la danse, vous n’y verrez aucun intérêt. Donc passez à un autre post. Sinon, ben c’est ça qui est ça.

PERTINENCE : Ça dépend de quel angle vous aimez la danse, les anecdotes de la nuit, le STEREO MONTREAL, la SOUL du dance floor en général. Il n’y a aucune opinion d’intérêt dans ce texte, que du perceptuel arrachés aux senses et mis en mots pour en tirer l’essence.

IMPORTANCE : Aucune, ce n’est que ludique, anecdotique, sur un événement très précis, et cela s’adresse à une tribu ultra ciblée d’amateurs de vie Underground en fait, qui se reconnaîtront. Ou pas.

FACT TCHEK : Rien ne dit que la teneur de ce propos est réel. Mais en nous appuyant sur la base de création qui affirme que « plus c’est personnel, plus c’est universel », ce petit témoignage exprimera peut-être alors aussi pour vous une impression de déjà vue…

Voici une histoire, vécue par une nuit magnifique du Stereo XX: Chus & Ceballos (All Night Long) pleine de sourires et d’énergie comme c’est pas possible.

Les anciens se sont réunis, les tribus se sont rassemblées, les nouveaux dans la place sont extasiés, le temps s’est effacé, nous sommes maintenant dans un moment sans limite…

« Il parait qu’il a déjà joué deux heures pour 5 personnes… » me glisse Suzie, une nouvelle staff du vestiaire, alors qu’il est probablement déjà plus de 16h…

La pauvre, elle est complètement épuisée, et à chaque fin d’une pièce, elle reprend espoir que son shift de travail de plus de vingt heures sera enfin terminé, et qu’elle pourra vider les manteaux, et aller s’occuper de son chien.

Mais non, faux espoir.

Pour elle.

Je compte les clients, 1-2-3…21! Wow ! Et c’est à peu près stable depuis deux heures déjà. Je crois bien qu’on va battre les deux heures pour cinq personnes assez facilement.

Nous sommes brisés et épuisés physiquement c’est certain, mais aussi dans une sorte de « Guerre d’Endurance », bien que la plupart ne s’en rendent pas compte… C’est-à-dire « Qui abandonnera le premier ? » Alors on ne peut pas lâcher.

En effet, parfois, il y a cette sorte de « combat », à savoir QUI, entre le Dj ou les danseurs, devra abandonner à bout de force, et d’épuisement total…

Bon ok, expliquons un peu…

Imaginez que normalement, le club ferme entre 9am et midi max. C’est extrêmement rare de poursuivre au delà, et c’est déjà une longue session de 2am-12pm.

Le partenaire de Pablo, Chus Esteban, a quitté il y a une éternité déjà, un peu avant midi, à la fin d’une incroyable nuit plus que satisfaisante, mais depuis ce temps, Pablo Ceballos est seul aux commandes, et s’amuse comme un fou au plus grand bonheur des survivors qui décident de suivre le dj et de fermer la place, sans savoir quand cela sera.

Une grande partie des gens de la nuit sont partis, et nous sommes en « Bonus-Time », tout le monde le sait et espère que ça durera, sans pouvoir savoir quand le DJ en aura assez. C’est lui qui décide, nous on le soutient.

Il joue pour la petite famille, il a du fun, nous aussi, il est complice avec la foule et nous possède totalement, taquin et joueur, et il nous balance des trucs incroyable! Des trucs jamais entendus, et il nous fait croire que c’est le dernier morceau donc à chaque fois, depuis des heures, on donne tout, en se disant « Alleez ! C’est la dernière !!  » Et c’est malade.

Alors malgré les genoux douloureux, les muscles tétanisés, la soif, on pousse la machine en se disant sans cesse que c’est fini après CETTE toune.

My God ! Il nous a tellement bien eu…

En général, une « Guerre d’endurance » dure 2-3 heures gros max, et en général le Dj abandonne, épuisé, ou il a un avion a prendre, ou son contrat est fini, même si les danseurs en prendraient encore. That’s it.

Pas cette fois.

Le Dj pousse. Et il aime ça, et ça parait.

Et nous, les danseurs, on adore ça !

Personne ne pourrait dire comment ça s’est produit, mais les ingrédients sont apparus pour que le temps disparaisse, et pour que malgré les finales infinies et l’imminence de la fermeture, le Dj trouve encore la force de poursuivre afin de nous permettre de danser encore et encore.

La relation exclusive qui se crée dans ce type de moment est conséquente au fait que l’on ne sait pas jusqu’à QUAND ça durera. Et comme chaque moment est le dernier il devient magique, et je dirais que l’un des moments incroyables qui restera très certainement dans nos mémoires, est celui ou Pablo arrête la musique, les lumières sont ouvertes, il remercie les gens et dit « Happy twenty years Stereo »

Et tout le monde se met à chanter « Happy Birthday Stereo! » Incroyable !

Mon ami et moi on se tient par les épaules, et on se dit probablement tous « Bon Allez ! On finit en chantant à plein poumon on s’en fout ! C’est maintenant terminé! »

C’est super beau, tout le monde chante, sous les lumières blanches avec une grande finale « Hapy birthayyy StereeeeOOOOOOOO! » Grands éclats de rire et applaudissements au Dj. C’était un moment très privilégié partagé par ceux qui y étaient je crois, très familial même…

BAM BAM BAM BAM BAM BAM BLACK OUT !

C’était reparti. Wow ! Mais pour combien de temps encore ?

Je dirais que dès 4h30pm, s’il avait arrêté, personne ne s’en serait plaint, mais personne n’a abandonné, et ceux qui sont restés, sont restés jusqu’à la toute fin, avec une immense détermination, sachant qu’ils vivaient quelque chose d’incroyable, malgré la fatigue.

C’est ainsi que les légendes s’inscrivent dans l’histoire, à partir de moments uniques, qui n’apparaissent qu’en certaines circonstances très rares et exceptionnelles, et qui requièrent des conditions réunies dans un certain ordre, et accompagnées d’un soupçon d’intervention de l’Univers que l’on n’aurait jamais pu planifier…

Soudainement, on bascule dans la magie, et la ligne du temps n’existe plus.

Il n’y a que ici et maintenant, à jamais.

C’est cette magie dont nous avons eu l’immense privilège de bénéficier lorsque pour se ressourcer et réénergiser tous les danseurs, à plusieurs reprises Pablo es descendu sur le plancher, a dansé avec nous, et a offert des calins pleins d’amour à CHACUN des danseurs sur place.

Ensuite, il remontait jouer encore. Et encore.

Il a ainsi offert un immense cadeau unique à tous ceux présents, qui ont reçu cette émotion et partagés le (((SPIRIT))), pour en faire partie à jamais.

Cet esprit éternel, comme la mémoire de deux amis adorés qui incarnaient comme personne ce (((SPIRIT))), deux personnes qui ont marqués les murs de la place et qui dansent encore avec nous chaque fois qu’on les évoques, nos amis Gian Gleason, danseur international ayant connecté Montréal au plus hot party de la planète, elrow à Ibiza, qui est dramatiquement décédé cet été. Et mon grand amour de ma vie Junior Hernandez, (parti il y a quatre ans le 23 nov 2015) dont les vieux amis me parlent à CHAQUE fois que CHUS+CEBALLOS sont à Stereo. Pour moi, grâce à eux, Junior est toujours vivant à travers leur musique, et Gian aussi. Pour vrai. Et on les fait danser avec nous.

C’est par la magie de la musique, par les titres que l’on a aimé et groové ensemble il y a des années, que nous reviennent les émotions lorsqu’un morceau surgit au milieu de la nuit.

Nulle part ailleurs que dans le mouvement peut-on reconnecter avec ceux que l’on a aimé par la musique, et c’est donc un privilège que d’accéder à la mémoire du coeur en oubliant le temps par la danse. Ceux qui ont perdus un être aimé comprendront…

Au final, le Dj a gagné la joute par plus de trois heures facilement en coupant le son vers 19h…

Mais en fait, s’il a arrêté, c’est qu’éventuellement, les staffs ont demandé gentiment à chaque danseur de quitter, puisque le Dj ne semblait pas vouloir arrêter ! lol

Rassurez-vous, ils furent très gentil, et plein de courtoisie, et tout le monde les comprenaient, je crois. J’avoue que moi-même fus bien heureux de pouvoir quitter sans avoir l’impression d’abandonner. Les staffs ont été comme des parents, en veillant sur nous et ont faits cela avec bienveillance, douceur et classe, rendant la chose aisée. Avec une Suzie du vestiaire plus qu’heureuse de libérer les derniers manteaux, définitivement ! Beau travail StereoStaff!

Et avant de conclure, je voulais vous partager un truc qui m’est venu en tête en cours de nuit, en ce jour du souvenir.

Bien que l’on ne puisse comparer, au combat les médailles se gagnent devant l’adversité, devant l’impossible, et les héros se définissent par leur courage et leur détermination à ne pas abandonner…

Pour avoir vécu des centaines de soirées ((())) depuis 1999, je confirme qu’il s’agissait d’un moment unique, et qui demandait énormément de détermination pour ne pas flancher après plus de quinze heures de présence.

Si la médaille Stereo Dancer existait, tous les survivors de cette nuit en mériteraient une pour participation à une bataille féroce.

Et si la Croix du Stereo Dj existait, elle irait définitivement à Pablo pour son endurance exceptionnelle, sa générosité hors norme et son sens du devoir envers ses danseurs.

Pablo Ceballos qui faisait déjà parti avec Chus Esteban des grands résidents historiques, a certainement inscrit une page de plus au livre d’or de la magie STEREO MONTREAL dont on parlera longtemps.

La prochaine fois que je reverrai Suzie du vestiaire, je lui demanderai : « il parait qu’il a déjà joué sept heures pour à peine une vingtaine de danseurs, tu savais ?  » hehehehe

C’est ainsi que naissent les légendes de la nuit.

(English will follow in a separate post www.facebook.com/notes/christophe-cote/the-birth-of-legends/10157346470315353)