
Cette revue d’une simple soirée de danse et rencontres à Stereo le 30 sept 2023 dépasse de loin le simple reportage, mais vous entraînera avec moi dans l’étymologie et l’expression de nouveaux modes de conscience par le mouvement. J’y fait référence à de nombreux liens ou articles scientifiques externes, et par le fait même, considère cette revue de soirée comme un fondement éducatif de la conscience du danseur. Vous êtes invités à vous accrocher pour lire jusqu’au bout.
Prémisses :
En premier lieu, il s’agissait d’un rendez-vous amical et rituel avec l’ami Cesar Romero. C’est toujours un bonheur de danser au son de notre ami et ambassadeur montréalais du « son progressif Stereo » @Simply City, qui ira vivre un rêve incroyable en jouant à Amsterdam aux Pays-Bas du 17 au 21 oct 2023 lors du SUDBEAT SHOWCASE avec le maestro Cattaneo. (info ici https://ra.co/events/1732882 )

Vous pouvez être fier de nos talents locaux qui rayonnent et diffusent le son montréalais ailleurs dans le monde, et Cesar Romero fait partie de ces artistes ayant réussi à se démarquer dans la masse pour représenter Montréal et le Canada sur d’autres scènes.

C’est donc sans gêne que notre valeureux soul-dat a laissé place au DJ invité aprèes un petit 4 heures de réchauffement.
Théorisation lexicale : La rencontre du SOI
Jeremy Olander est un DJ et producteur suédois né en Virginie, aux États-Unis, mais basé à Stockholm, en Suède depuis un très jeune âge. Son arrivée était attendue vers 4am et dès son entrée, il a coloré la musique avec une forme bien à lui. Tout au long de la nuit, mon cerveau étant ce qu’il est, la mise en mots de l’expérience s’est mise en marche et s’est poursuivie pendant plusieurs jours même après la nuit… Car le mot clé qui s’était par lui-même révélé était trop étrange pour être facile!
En effet, c’est la première fois que je crois expérimenter aussi clairement une expérience que je définie comme caractérisée par le terme “MORPHO”, et je vous confirme que j’ai cherché de nombreuses heures pour trouver ZE mot qui exprimait adéquatement l’expérience.
Ceci en est l’histoire, et le but de ce temps de partage est de vous porter attention sur vos propres usages de la danse comme outil thérapeutique, par la compréhension des effets structurels musicaux sur le mouvement du corps, et de ses effets sur l’âme.
Mise en contexte musical
Pour décrire un peu l’atmosphère, imaginez qu’au lieu d’avoir des pièces musicales construites sur le tempo ou les percussions syncopées (style tech-house ou techno), vous seriez plutôt plongé dans une immense basse fréquence en roulement (plus proche du grand Prog à la Cattaneo- presque), comme une vague déferlante de long cycle. C’est à dire que le tempo n’est pas régulé par des impulsions percussives (bam-bam-bam-bam), mais plutôt par une grondement de tonnerre puissant et continue (brrrrrrrrbrrrrrrrbrrrrrrrrbrrrrrrrr).
Pour aider à illustrer le positionnement, faisons une petite comparaison.
Connaissez vous Boris Brejcha ? C’est extrêmement bon et dansant https://youtu.be/r-7CMrpNjQY?si=jCboAupPYG3JDbH_
Son style musical, que l’on définit comme HIGH-TECH-MINIMAL est ainsi décrit par le site Musicalyst : High-tech minimal is a subgenre of electronic dance music that emerged in the late 1990s. It is characterized by its stripped-down, minimalistic sound, with a focus on repetitive rhythms and subtle variations in texture and tone. J’ajoute qu’il se démarque par sa structure mécanique et sonores caractérisées par une basse puissante et des éléments texturés situés dans les High (Sail & high-hats). Il y a peu de Midle et de sonorités vocales ou organiques, tout est dans les percussions.
Donc si on défini ainsi Brejcha, en oppositions je dirais que le style de Olander devrait être désigné par Deep minimal organic house, principalement caractérisé par une basse profonde, extrêmement lourde, en séquence longue et progressive, mais pas mélo-progressive, plutôt organique, sur un tempo très accessible. Le danseur avait beaucoup d’espaces, de temps, et de texture pour y accrocher une chorégraphie articulée à la logique du morphologistes, dans les origines tribales et afro-rythmées…
Curieux d’accompagner la lecture avec sa musique ?
Jeremy Olander Live from Vivrant | City Hall in Stockholm
https://youtu.be/3gtyHgqNRBQ?si=s_7ZRcDXHhi6ofau
À mon observation très subjective, qui pourrait n’être aucunement partagée par n’importe qui d’autre qui y était, le DJ maîtrisait très bien les descente énergétique juste qu’à la limite du décrochage, pour toujours revenir en force occuper l’espace par le gros beat sal tant désiré, et en retour pour de grandes séquence très articulées. Plusieurs n’ont pas su saisir la rythmique, il fallait plonger pour trouver le courant.

Accrochez-vous on entre dans le gras du sujet **
L’apparition du concept morpho dans cette soirée a été issue ou généré dans ma pensée par un mouvement me sortant absolument de ma zone technique.
J’explique.
Pour suivre l’artiste en tant que danseur, il fallait se concentrer et plonger bien au delà de la facilité chorégraphique. Ce qui confère l’aspect « morpho » à cette expérience fut l’obligation, ou l’invitation au danseur par la musique, à dégénérer tout son corps pour suivre la courbe rythmique et énergétique du DJ. Il faut être honnête, par sa complexité afro-beats-organic, ce n’était pas de la danse facile bonbon, et il fallait s’investir et se plonger DEDANS la musique pour Absolument déguster la force de l’artiste et sa Maîtrise de son art. Oui oui, vraiment.
Bon, ça va? pas trop de saignements de nez ?
Je sais je sais, pourquoi tous ces mots pour partager ta danse Costa? J’ai tu besoin really de lire ça?
Non, c’est sûr.
Mais des fois, on ne sait pas ce qu’on expérimente jusqu’à l’entendre d’un autre. Et là, on se l’approprie. On alimente notre conscience… on monte le gaz du chalumeau… And Light!
Fa que c’est LÀ que ça se passe en fait…
On se souvient que j’ai parlé du terme “morpho”, mais ce n’était pas précis.
J’ai donc cherché dans ma tête, sur internet, et demandé à l’intuition universelle pendant trois jours pour trouver le bon mot – le mot parfait qui définirait exactement ce que je souhaite exprimer, et c’est au matin du 3e jour, en lisant un article sur la guerre en Ukraine, que le flash m’est venu en rapport au “mouvement”.
J’explique.
L’un des termes employé dans la tactique militaire pour les grandes manœuvres de combat fait référence aux “opérations cinétiques” – c’est-à-dire, tenir une action de guerre qui implique des mouvements physique de troupes, ou déplacements, ou confrontations entre bon et méchants, mais toutes choses qui impliquent directement le phénomène de “bouger et/ou faire bouger”.
C’est de ce flash d’un millième de seconde qui réfère à mes anciennes missions d’il y a vingt ans que je dois l’émergence de la parfaite composition lexicale qui allait me servir.
Allez, on s’accroche, le fun commence.
MORPHO
Etymologie : Le nom du genre Morpho vient d’une épithète grecque antique μορφώ, à peu près « celle qui est bien faite », pour Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté. Donc les formes de la matière.
CINÉTIQUE
nom féminin et adjectif
- Théorie expliquant un ensemble de phénomènes par le mouvement de la matière.
- adjectif
Qui a le mouvement pour principe. Énergie cinétique (d’un point matériel en mouvement).
1+1=2.
Eureka!
Les formes + le mouvement = MORPHOCINÉTIQUE !
J’ai donc trouvé cet assemblage parfait par mon propre raisonnement, mais SURPRISE! en cherchant encore plus profondément sur le web, j’ai TROUVÉ ce mot qui venait de s’assembler dans mon cerveau tel une découverte de continent, mais dans un vieil article universitaire. Incroyable!
C’est étrange, car j’étais super fier quand j’ai eu le coup de génie confirmé dans le dictionnaire, et presque déçu en même temps qu’il existe, mais encore plus fier d’avoir moi-même assemblé ce néologisme depuis les racines grecs et étymologiques, pour finalement confirmer son exacte précision, dans un article vieux de 43 ans !
Cela se confirmait donc ainsi : La motricité du danseur a été également appelée « morphocinétique » par Paillard (1980).
Dans un article universitaire intitulé La motricité du danseur : approche cognitive, Marielle Cadopi indique que “la motricité du danseur présente des caractéristiques particulières. Cette motricité est dite abstraite, morphocinétique, elle se déploie dans un milieu fermé et repose essentiellement sur une dimension expressive. Les habiletés motrices en danse reposent sur des formes corporelles et/ou des « dessins dans l’espace » (Paillard, 1980)” (ref https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2005-1-page-29.html )
Voilà!
Il est là le point : chaque structure musicale impose ou dicte au corps des posture articulées ou exprimées intuitivement, en fonction des roulements rythmique et musicaux. Et pour moi par exemple, quand je suis plongé dans des Afro-beats avec des danseurs rituels, nous avons tendance à rabaisser le centre de gravité en pliant les genoux, afin de pouvoir bouger dans la séquence de toutes les gammes texturales et tribales, ritual down to the earth.
L’aspect relié au facteur morphocinétique relève de l’obligation de se désarticuler en entier pour embrasser le rythme par les mouvements du corps et, selon mon humble avis très subjectif, la clé d’accès pour ouvrir ce champ de mouvement et cette groove bien particulière se trouvait dans la structure de la baseline, située extrêmement dans les basses et caractérisée par une rondeur très progressive. Vous comprendrez en prenant le temps d’écouter sa musique.
C’est donc ainsi que par une remorphologisation, de ma danse technique, j’ai retrouvé des mouvements rarement exploités pour exprimer au mieux la manifestation de la musique au travers mon corps, et ainsi honorer la fréquence divine qui nous traverse. Cela revient à vivre un renouvellement et un rajeunissement de nos mémoires de danse. La remorphologisation contribue à revoir ses classes de base et de redécouvrir son âme dans la plongée rythmique du corps.
Voilà pourquoi, le concept de Morphocinétisme était important à élever à la conscience humaine selon moi, et que j’ai eu envie de pousser à fond le concept.
(Ouuff, tout un périple hein? Si vous vous êtes rendus ici, vous êtes bons, j’espère que ça en aura valu la peine)
Chaque Stereo est unique et plein d’enseignements. Bien que puisse sembler futile, celui-ci en était un important.
Un immense Merci à l’ami Cesar, aka Simply City pour son ouverture et sa candeur. Mon ami, puisse tu résonner à jamais xx

Découvrez Simply City https://soundcloud.com/simply_city_music
Téléchargez le superbe remix de Hans Zimmer – Time (Simply City’s Full Circle Interpretation) FREE DOWNLOAD ici https://on.soundcloud.com/Ji7Qk
Sudbeat showcase https://www.amsterdam-dance-event.nl/en/program/2023/sudbeat-showcase-with-hernan-cattaneo-6hrs/2029423/
Envie de découvrir JEREMY OLANDER ?
INSTA https://www.instagram.com/jeremyolander/?hl=fr
VIVRANT RADIO 032 https://on.soundcloud.com/38xdL
VIVRANT RADIO 034 https://on.soundcloud.com/Xn1p8
Site web : https://musicalyst.com/genre/high-tech-minimal
ref universitaire https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2005-1-page-29.html
La motricité du danseur a été également appelée « morphocinétique » par Paillard (1980), par opposition à la motricité topocinétique.
Surplus de savoir : Les topocinèses sont des mouvements projetés dans l’espace, recevant leur instruction d’un objectif spatialement repéré, qu’il faut atteindre. (Note de Costa : autrement dit les topocinèses sont des mouvements chorégraphiques à répéter)
Les morphocinèses sont, en revanche, des mouvements qui reçoivent leur instruction d’un modèle interne, engendrant des formes motrices multiples, comme le soulignait déjà Paillard, en 1971. (note de Costa : les morphocinèses sont vos mouvements intuitifs)