Voyage & Découvertes – CVCS – SEN 1-08 : DERNIÈRE VISITE AU LAC ROSE

Série CARNET DE VOYAGE D’UN CANADIEN AU SÉNÉGAL (CVCS) publié en articles dans le cadre du 10e anniversaire de ce voyage initiatique réalisé en février 2013 dans le cadre d’une mission militaire de formation au Sénégal. Ici, le huitième article d’une série de douze.

DU 2 FEV AU 2 MARS 2013

SEN1-08 : DERNIÈRE VISITE AU LAC ROSE

MÉMOIRES DE CDC

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SEN1-08 – LAC ROSE 3ePARTIE

Fantastique épopée d’enquête sur le cours de coopération civilo-militaire (COCIM).

22 fev 2013, Sénégal

Jour 20

2e journée EX CIVIL FOOTPRINT

J’étais tellement excité hier soir à la suite de notre rencontre d’équipe que j’avais hâte de me lever avant même de me coucher ! Je n’arrêtais pas de penser aux options que nous pourrions avoir aujourd’hui, et je n’ai pas dû m’endormir avant 2 ou 3 h de la nuit… Classique !

Je me réveille donc difficilement, la bouche pâteuse, les yeux collés. Le ciel est encore sombre, mais déjà les colonnes d’oiseaux se dirigent vers la mer en se laissant porter par les courants aériens. Le soir ils vont vers les terres, le jour vers la mer. Je m’habille en titubant, me passe un peu d’eau dans le visage et sort de ma chambre climatisée pour descendre au déjeuner. Ouuf ! C’est la même chose chaque fois que j’ouvre ma porte de chambre. Qu’est-ce qu’il fait chaud déjà ! Je crois que je ne m’y habituerai jamais à cette chaleur. Quand je dis que j’ai du sirop d’érable qui me coule dans les veines, ce n’est pas pour rien !

Je rejoins mes étudiants et collègues de travail, plusieurs ont déjà terminés leur déjeuner. J’entends parmi les conversations qui m’entourent des membres des autres équipes qui eux, n’ont pas besoin de retourner en patrouille aujourd’hui, puisque cela s’est très bien passé pour eux hier. Contrairement à nous, qui avons rencontré un bout-de-bois-mort-accroché-à-un-chapelet-qui-parlait-d’une-faible-voix-caché-derrière-un-foulard-noir-et-des-lunettes. Les autres ont pu en une seule rencontre collecter suffisamment d’infos pour rédiger leurs rapports et compléter leur présentation. Pas nous. Pas grave, regardez-nous bien aller… Tcheckez-moé ben, comme on dirait chez nous !

J’ai le bonheur de constater que mes gars sont déjà sur le pied de guerre et m’attendent avec de bonnes et pertinentes questions qui devraient inverser la tendance aujourd’hui. C’est drôle, il fait chaud, mais j’ai l’impression qu’il fait moins chaud après la canicule d’hier. C’est parfait pour moi. Quand tu dis que tu te rafraichis à 33 degrés Celsius…

« Sergent, nous ressortons en patrouille ce matin et allons rencontrer le Président Régional du Compté (PCR – l’équivalent de nos Municipalité Régionale de Compté, ou MRC) afin de compléter notre évaluation de zone » Excellent ! Qu’est-ce que je suis content! « C’est parfait messieurs, faites votre plan, donnez-moi vos timings et je vous suis quand vous êtes prêts. N’oubliez pas que nous avons encore toute la journée »

Ils se mettent donc en quête de trouver les infos pour contacter et joindre le bureau du PCR de la zone qui nous était impartie. Ils décident de ne bouger qu’en PM, et de profiter de l’Avant-midi pour se préparer. Parfait pour moi.

Récapitulatif

Bon, l’exercice principal était hier, et le but était de rencontrer des personnalités civiles dans de vrais villages afin de dresser de vraies évaluations de zone dans le cadre d’une mission militaire fictive. Il se trouve que j’ai pogné LE village le plus poche de la gang.

En fait, puis-je vraiment dire le plus poche ? Car comme mon patron me l’a dit hier soir « C’est peut-être la meilleure chose qui puisse vous arriver! ». Cela ne semble pas évident comme ça, mais pour cette raison précisément, les étudiants de mon groupe n’ont pas pu juste prendre les réponses reçues et construire leur rapport avec ça. Ils devaient chercher ailleurs, réfléchir différemment. Ne pouvant obtenir d’informations satisfaisantes dans UN village, ils devaient se tourner vers les autorités régionales et ainsi faire une évaluation de zone complète en rencontrant les responsables de la zone administrative. C’est plus qu’un village ça !

Le dîner complété, on commence à trépigner…

« Ok les gars, qu’est-ce qu’on fait finalement? »

« Et bien sergent, me répond le Major béninois, nous avons décidé de changer les rôles, et c’est maintenant M. le Diplomate qui prendra les commandes! » Excellent excellent que je me dis.

Et ce dernier de reprendre la balle au bond avec sa voix très douce de diplomate, toujours poli et posé. « He bien sergent, au lieu de nous concentrer sur un seul village comme vous le savez, nous irons rencontrer le chef de police, le président de la communauté rurale, le chef du grand village, et le patron du dispensaire de santé. Mon adjoint sera le Capitaine Ivoirien » Quoi? Celui qui gueulait le plus fort contre lui hier ?? Génial ! C’est dans l’adversité que l’on découvre ses meilleurs alliés.

Wow! C’est exactement cela que je voulais entendre. Ils ont trouvé LA CLÉ ! Alléluia ! Ils en ressortiront beaucoup plus fort que s’ils n’en étaient restés qu’à une localité. J’aimais vraiment ce à quoi j’assistais, c’est comme voir une plante pousser. Tu ne peux la tirer de terre. Tu ne peux que constater la magie de la vie lorsqu’elle s’étire vers le soleil.

C’est donc dans un redoublement d’enthousiasme que nous retournons à nos véhicules dans un désordre joyeux et gamin. Tout le monde embarque et GO GO GO !! Direction TIVAHOUVANE PEUHL, ville située à une petite dizaine de km de notre location d’hier, mais ou étaient concentrés les services administratifs de la région en entier. C’est là que nous trouverions le responsable régional qui aurait réponse à nos questions, du moins nous l’espérions.

« Hé Monsieur le Diplomate!! » lance le capitaine ivoirien par dessus les brouhahas, alors que nous marchons vers les véhicules.

« N’oubliez pas de pisser avant d’embarquer cette fois-ci hein ?! » et tout le monde de s’esclaffer… Évidemment, il ne pouvait pas la laisser passer celle-là!

« Non-non rassurez vous, j’ai pris les mesures nécessaires» répond aussi en riant le diplomate. Bien. Très bien, j’aime la bonne humeur et la complicité de l’équipe. C’est vivant.

Tivahouavane Peuhl

Cette fois-ci, le trajet se passe sans histoire, tout le monde est un peu dans sa tête, tranquille. Quand à moi, j’observe. Je suis bien ici, dans le véhicule climatisé, avec un chauffeur qui sait ou il s’en va, et un commandant de l’équipe du jour en qui j’ai confiance, tout ira bien. Je ne me préoccupe pas le moins du monde des modalités de transport, je me contente de regarder dehors, d’observer les gens, les paysages urbains qui s’offrent à moi.

Tant de couleurs, de textures différentes, des bâtiments en verre côtoient des bâtiments sur le béton, sans façade. Les quartiers de maisons aux toits de tôle avec des poubelles et des briques sur le toit succèdent aux quartiers neufs ou coupés en deux par la construction de l’autoroute. Le développement erratique et sans contrôle de la ville entraîne de grandes disparités. Des condominiums flambant neufs à côté de l’autoroute, ou des bidonvilles sans eau ni électricité qui bordent littéralement l’autoroute sur deux km, occupant toute la bordure, sur cent mètre de part et d’autres.

Et les fils. Que de fils électriques ! Des mottons de fil tout croche, des nœuds n’importe comment, je dis bien des nœuds de fils, comme un nid d’oiseau, mais genre gros pour un bœuf ! pogné au bout d’un poteau en bois tout croche, tellement que on dirais que ce sont les fils qui le tiennent debout genre… Et le plastic ! Je n’ai pas parlé du plastic encore !

Teeeeeellement de plastic PARTOUT !! Des bouteilles par milliers, des sacs par millions, partout. Ils ont une manie de tout mettre dans des sacs de plastic ici. Aussitôt que tu achètes un paquet de cacahuète, la moindre petite affaire, ils te le mettent dans un sac. Et que font les gens ? Ils se tournent de bord, et jettent tout simplement leur sac par terre. Les sénégalais jettent tout par terre, les paquets de cigarette, les verres de café, les mouchoirs, le papier de ce qu’ils bouffent… tout ! Il y a des sacs de pogné dans les arbres, par terre, dans la pelouse, dans les champs, dans les caniveaux, partout. Même dans la mer, il n’y a pas un mètre carré sans sac de plastic. Le plastic détruit tout le paysage, cela fait sale. C’est trèes trèes sale, partout. Tout est sale. Les voitures, les autobus, les bancs, les kiosques de café sur les coins de rues, les murs, les trottoirs, les rues, tout a l’air vieux comme la terre, vraiment. Mais les gens eux, sont propres, très propres. C’est très contrastant. Et comme je le disais le premier jour, ont dirait qu’il y a eu la guerre, il y a des décombres partout, mais les gens se sont juste habillés beaux et ils vivent parmi les décombres.

Les km passent, et nous nous éloignons de Dakar pour entrer dans les terres. Pas très loin, moins de trente km, mais déjà ici, au lieu d’avoir 80% de la population qui parle français, c’est 20%. Et plus loin encore c’est 5%. Pourtant le Sénégal est un pays francophone. Toutes les élites sans exceptions doivent parler français, c’est la langue de l’administration du gouvernement, mais la petite populace qui n’a pas accès à l’éducation ne parle que le Wolof.

Nous retraversons à nouveau la cité de KEUR MASSAR, cette future cité-dortoir de la grande banlieue de Dakar en construction. Il y a encore cinq ans, il n’y avait que du sable ici, mais là, tout explose. Tout se construit, les maisons, les aqueducs, les égouts, les rues. À cause de cela nous devons effectuer de nombreux détours par l’intérieur des quartiers pour traverser la cité. Cela me permet de voir comment vivent les gens.

Il y a des chèvres partout, des moutons attachés et des chèvres en liberté. Je me demande pourquoi d’ailleurs? Et des bébés chèvres, trop mignon ! J’en veux une ! Elles ont toujours un truc dans la gueule celles-là! Les gens marchent doucement dans les rues de sable, beaucoup de femmes ont des paniers ou n’importe quoi sur la tête en équilibre. Très habiles. Toutes les maisons sont collées les unes aux autres, donc la rue est bordée de façades ininterrompues. Je vois des échoppes de fruit, de pain, de sandales, de lunettes, de viande-avec-mouches-fraîches et poisson-avec-vers-blancs-inclus, et juste à côté tu as le gars qui a une échoppe de fer et qui coupe ou soude des bouts de métal sans lunettes de protection, en sandale, en plissant des yeux. Ouuf! Cela coûterait si peu cher pour les protéger et ainsi éviter de fâcheux accidents, des handicaps et des pertes de revenus futurs. Mais avant tout, cela doit débuter par l’éducation en santé et sécurité. Je ne suis pas là pour des problèmes de sécurité au travail, mais cela ne m’empêche pas d’observer et de réfléchir…

Rencontre du PCR

Nos véhicules pénètrent la petite bourgade de TIVAOUAVANE PEUHL, nous sommes visiblement en zone assez reculée ici. C’est comme une répétition de Keur Massar la cité dortoir en construction, mais en plus vieux. Ou plus neuf, ou je ne sais pas. C’est neuf et vieux en même temps. De nombreux graffitis ornent les murs, je vois encore des comptoirs de fruit-légumes-mouches-poisson-boisson-viande-mouche-et-encore-des-mouches-pain-sandales-lunettes-café… toujours la même chose. Et du fer, des vendeurs de fer. Et des soudeurs pas de lunettes en sandales.

Nous demandons à quelques passants notre chemin, et en trois minutes arrivons à destination. Un grand bâtiment blanc, comme tous les autres, avec une petite inscription au-dessus de la porte Préfecture Régional de Compté.En sortant de la voiture, le soleil me frappe, la chaleur m’enveloppe comme une chape de plomb. Instantanément, j’ai une ligne de sueur qui apparaît au-dessus de ma lèvre. L’eau me coule derrière les oreilles. Non mais qu’est-ce que j’ai chaud! Pourtant, c’est moins chaud qu’hier.

Nous entrons, au moins 4 personnes sont affalées sur un banc à l’entrée. Ils nous regardent sans un geste ni un mot. Un ventilo poussiéreux tourne faiblement au plafond, distribuant sa poussière dans toute la pièce. J’entends un air climatisé qui flacotte pas loin, on dirait que tout le monde dors. C’est très tranquille, les lumières sont éteintes, mais il y a des gens qui trainassent ici et là.

Je crois comprendre que c’est un genre de bureau de service régional. Quels types de services ? Rien ne me l’indique. Un jeune garçon habillé en chemise et pantalon apparaît par une porte miroir. Le commandant du jour se présente et donne les explications nécessaires, en soulignant que nous avons pris rendez-vous avec le Président du Compté ce matin même… « Ha oui oui, il est au courant, M. le Président va vous recevoir dans un instant » Bon ! Au moins !

Nous attendons quelques minutes plantés là, dans l’entrée au milieu du passage entre les affalés et les visiteurs qui entrent et sortent. Je suis incapable de dire qui travaille ici ou pas, tellement ils semblent tous se traîner les pieds.

Finalement la porte miroir s’ouvre à nouveau et le jeune homme nous fait signe d’entrer. Ils ont installé quelques chaises de plastic devant le bureau du patron. Le local est tout petit, mais climatisé. Il y a des boîtes de carton au sol, des piles de papier partout, une armoire-classeur avec des étagères pleines de boîtes de documents. Il y a des traîneries partout. Soit on ne travaille pas beaucoup ici, soit c’est un nouveau bureau. Mais je n’imagine pas que ce soit un bureau de « président » de n’importe quoi…

Le jeune homme en chemise se présente, il est le secrétaire, et il nous présente le Président, un homme d’une quarantaine d’année très élégamment vêtu d’un beau boubou. Il a l’air d’un monsieur important. Mais l’est-il vraiment ou n’en a t-il que l’air ?

« Bonjour Messieurs, c’est un honneur pour moi de vous recevoir, nous sommes heureux de savoir que des gens se préoccupent de l’état de nos services régionaux » Je prend immédiatement la balle au bond à titre de mentor pour bien clarifier que nous ne sommes pas là avec un mandat officiel, mais bien à titre d’étudiants et d’observateurs seulement. Nous ne faisons QUE prendre des notes, et je lui explique qu’il n’y aura AUCUN suivit sur tout ce qui sera discuté aujourd’hui. Je crois que c’est important de clarifier les choses pour ne pas qu’il y ai d’attentes. Aucunes. Une fois cela fait, je redonne le commandement aux étudiants.

« J’ai été nommé à titre de PCR il y a quatre mois en vue d’assurer l’intérim jusqu’à la prochaine nomination du gouvernement actuel. Et blablabla » Putain ce que le mec aime s’écouter parler !

C’est le diplomate qui a les rênes en ce moment. Après avoir précisé la mise en contexte de notre cours, il demande « He bien Monsieur le président, comme première question, j’aimerais svp savoir le nombre de population ainsi que sa répartition par sexe dans la région »

Silence

« Heuuuu, et biieennnnn vous saveeeezzzzz, à titre de président intérimaire provisoire, je ne suis ici que depuis quatre mois et n’ai pas eu le temps de me familiariser avec les chiffres et les données actuelles… »

QUOI?? COMMENT ?? Je crois que je dois avoir du sable dans les oreilles… Ce mec est en poste depuis QUATRE MOIS, il est censé être le plus haut représentant administratif de sa zone et il n’a aucune idée de sa population?? Non mais que cé ça putain ?!? Finalement je dirais qu’il se donne juste l’air important, il n’est rien.

Pendant qu’il baragouine une réponse idiote et vide de sens pour essayer de bien paraître quand même, ce qui est grotesque, le jeune garçon en chemise lève le crayon pour prendre la parole… « hé bien si vous me permettez, je crois pouvoir vous répondre »

Et immédiatement le président de lancer « Oui oui mon secrétaire assure la continuité et le passage des dossiers au sein du bureau » Non mais putain de couille molle… Il ne connaissait rien et se réfugiait derrière ce pauvre gosse de 20 ans en roulant des mécaniques et en se donnant un air important…

Et le secrétaire de débuter doucement « vous avez 14 000 personnes dans votre zone d’opération, répartie à 40% de femmes et 60% d’hommes, 65% entre 16 et 45 ans et la balance plus âgée… » Wow! Mais c’est qu’il parlait bien le jeune mec ! Il continue, et en fait, pour toutes les questions subséquentes, ce fut toujours, à 100% le secrétaire qui nous a donné l’information dont nous avions besoin. N’eût été de lui aujourd’hui, même si nous étions en présence du « président du compté », notre rencontre aurait à nouveau été un échec.

C’est dans ce bureau que j’ai développé la notion de « titrite ». Les Africains en autorité que j’ai rencontré, pas tous, mais beaucoup, se gargarisent avec des titres ronflants et verbeux, mais sans un degré de pourcentage de compétence qui va avec. Les uns et les autres se gorgent de titres les plus importants que les autres, mais ne font pas la job. Comme ce mec nommé président qui n’avait AUCUNE idée de sa job ou de sa fonction. Le mec connaissait quelqu’un grâce à qui il avait été pistonné à ce poste, et tout le monde se foutait de savoir s’il faisait ou non son boulot. Mais lui recevait un gros salaire attaché à cela. L’État Sénégalais est rongé de l’intérieur par ces parasites accrochés à toute sorte de postes fictifs ou vides. Cela pouvait bien expliquer la médiocrité des services rendus dans ce poste de service. C’était triste à mort.

La rencontre n’a pas dû durer plus d’une vingtaine de minutes, c’était suffisant pour tirer toute l’information voulue. Mais juste avant de partir le PCR nous demande si nous avons entendu parler des agressions…

« Quelles agressions? » lui demande l’un des étudiants.

« Il y a quatre jours, deux femmes, des touristes françaises ont été attaquées dans la rue et se sont fait voler leur sac et porte-feuille. Cela n’a rien d’exceptionnel, sauf qu’on leur a aussi crevé les yeux. Nous croyons qu’il s’agit d’un message envoyé aux français…»

Silence…

« Très bien, ça, nous le rapporterons ». En effet, là il s’agissait d’un autre niveau de violence. Cela méritait d’être rapporté à l’ambassade du Canada, pour valider avec l’ambassade de France la véracité de ces faits. Ce n’était quand même pas banal, et je me disais que nous devrions en avoir entendu parler dans les journaux au moins… un crime pareil ne pouvait pas se produire dans le silence total des médias.

Nous verrions plus tard. Pour l’instant, salutations, rembarquement dans les véhicules et retour en ville. Ce serait bientôt l’heure du souper. Et Enfin ! Les étudiants avaient réussi à quérir l’information vitale à l’élaboration d’une présentation d’analyse de secteur digne de ce nom. J’étais très content d’eux. Et eux aussi étaient content, soulagé.

Rétrospective

Le rapport remis par les étudiants concernait les besoins autour d’une opération militaire, et ne pouvaient donc se concentrer autour d’une seule localité, d’où le survol de toute la zone. C’est pourquoi il était si important de trouver les bonnes personnes en mesure de nous donner l’info.

Mais comme mentionné plus tôt, nous n’étions là QUE dans un but d’apprentissage, PAS dans un but d’intervention. Cela ne nous empêche pas moins d’observer. Entre autre au sujet de cette Daira que nous avions vu hier, commandée, possédée par ce mec…

Après constat, nous pouvons croire que le système de fonctionnement de ce village-école-coranique allait comme suit. Durant l’année scolaire il «accueille» les jeunes garçons de la rue ou ceux qui y sont conduis par leur parents. Un enseignant coranique prodigue les leçons durant le jour, en faisant figure d’autorité.

Et une fois par année, il reçoit des centaines de personnes qui viennent en pèlerinage pour prier et passer quelques jours. Au cours de ces visites, les «talibés», les bons pèlerins vont gratifier l’hôte de leur générosité, lui permettant ainsi de renflouer les coffres de l’école pour l’année. Cependant, tous les dirigeants d’écoles coranique ne sont pas intègres, ou sinon, selon des principes qui ne nous appartiennent pas.

Il s’agit donc d’un village artificiel, dont les forces vives ne sont orientées que vers la prière, et non sur la production de biens pour ses besoins. Ce qui en réduit les occupants à la mendicité permanente. Les jeunes mendient sur la rue, les grands dans les boutiques, le maître d’école quant à lui se tourne vers les politiques tandis que le shériff mendie auprès d’une plus grande confrérie de son allégeance. Quand les jeunes deviennent moins jeunes, ont leur apprend un métier de maçon ou menuisier. Mais ils ne connaissent que la mendicité…

Il y a un côté beau à vouloir offrir des valeurs bien fondées à des jeunes, mais ne dit-on pas que l’on nuit à trop vouloir aider ?

Ces jeunes ne sont pas prêts pour la vie. Ils n’ont pas développés les outils pour affronter les épreuves, sinon que de prier et s’en remettre à Dieu.

Oui à Dieu, mais il nous a aussi donné des forces pour agir ici-bas. C’est de notre devoir d’assumer nos capacités afin de servir au mieux Sa Volonté. Et pour manifester notre indignation face à ce que nous avions vu dans l’école coranique, non seulement l’un de nos élève de la place a-til dénoncer la situation auprès d’autorités de la ville, mais cela m’a motivé moi à trouver des moyens que je pourrais mettre en oeuvre un jour pour venir en aide à ces pauvres jeunes…

Mais cela, c’est un autre histoire.

Et quant à l’agression des françaises avec les yeux crevés, aucune ambassade n’en avait entendu parler. C’était donc probablement un mythe. Venant d’un imbécile qui ne savait pas le nombre de population dans son secteur, cela n’avait pas de crédibilité. On oublie ça…

Conclusion et remise du rapport

Et devinez quoi… ce sont MES élèves qui ont remis le rapport qui fut jugé le plus réussi de tout le cours (quatre groupes de 10 candidats) et le plus effectif pour une opération réelle. J’étais vraiment très fier d’eux.

Je suis très heureux d’avoir pu participer à cette expérience, riche en enseignements, et très «sentie». Sauf que le cours n’était pas encore terminé. Il me restait encore au moins une semaine d’aventure à vivre.

fin

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