DENTAL STORY – 04 – VIOL_(ENCE)_THÉRAPIQUE – EXTRAITS DE DOULEUR

Notes de rage du 16 oct 2023

SUJET : La violence thérapeutique

PERTINENCE : Bah… 

IMPORTANCE : Non. Mais oui. Mais non.

LUDICITÉ (FACTEUR LUDIQUE/PLAISANCE/FUN) : 1/10 .

SADICITÉ : 12/10. Je lai dit, ça va vous faire mal.

TEMPS DE LECTURE : 5-8 min

Note : texte assez avancé mais encore en travail en date du 27 oct 2023. Sera complété subséquemment. J’ai vomi tout le corps et l’idée de ce texte immédiatement suite à l’insertion de mon cathéter central périphérique dans une veine du bras gauche le lundi 16 oct 2023. La douleur ressentie m’a révolté, et mon propos était trop cru. Je n’ai donc rien publié de CE texte le soir même, car cela aurait été trop brutal. Mais ici, avec recul, ca va.

L’Obligeance de la servitude

La violence des traitements médicaux sur le corps humain s’apparente à un viol de l’esprit en tout point, dû au fait de l’impuissance manifeste face à l’acharnement physique dont font preuves les soignants pour le bien du soigné, alors que l’esprit ne cherche qu’à s’évader, et de la force mentale requises pour endurer cela.

La valeur thérapeutique des traitements banalise l’impact psychologique de ce qui doit être enduré, mais il n’en reste pas moins que la soumission aux dictats des savants mine la conscience et affecte le moral dans l’intimité de l’être. Je peux en parler pour avoir ressenti cela

Je vous partage aujourd’hui avec grande humilité encore une fois l’acuité de ma pensée sous le bistouri, alors que pour la première fois de ma vie, j’étais contraint d’endurer une telle invasion physique que cela m’a ramené à cette désagréable invasion sexuelle que bien des gens auront peut-être subie un jour… Sans avoir besoin de trop préciser, le concept du viol s’apparente à subir une attaque, une invasion devant laquelle vous êtes impuissante, que vous devez subir malgré vous, qu’il pu mieux vous valoir d’accepter pour vous en sauver, que d’essayer de vous en sauver pour définitivement vous la faire imposer.

Je l’ai subi, alors je peu en parler, that’s it. J’ai vécu la douleur et l’humiliation de ne pouvoir s’échapper, de subir une agression, et de ne trouver refuge qu’au fond, très au fond de votre tête en gardant vos cris jusqu’à ce que ça finisse pour avoir une chance de vous sauver de là…

Je vous ai dit, ce texte sera brutal.

Prémisse :

Dans la séquence d’une intervention dentaire qui s’est infecté gravement et n raison de la nécrose qui a attaqué ma mâchoire, je devrai subir demain une intervention chirurgicale pour gratter l’os sous la gencive, littéralement. Ce devrait être ma dernière intervention qui extraira tout le mal.

Je l’anticipe beaucoup mais m’accroche à l’espoir que cela guérira complètement, et j’ai confiance en l’Univers, ça va aller.

Aujourd’hui au neuvième jour d’hospitalisation, les savants m’ont préparé pour le long traitement intraveineux qui m’attends  pour les six prochaines semaines, mais pour ce faire, j’ai subi l’attaque la plus violentes à mon corps en pleine conscience que je ne puisse imaginer.

Certains diront peut-être pour l’avoir subi que c’est banal, et en effet c’est propre à chacun. Moi, j’ai eu très mal. Mais ce n’est pas ça la mesure de la comparaison… 

La mesure de comparaison de cet exercice de réflexion sera d’extraire des mots qui définissent avant tout l’aspect psychologique de devoir vous sauver dans votre tête. L’invasion sexuelle n’a pas d’égale comme agression physique et psychologique, humiliante et dégradante corrosive pour l’estime de soi.  

Mais l’invasion physique chirurgicale à l’intérieure de votre corps, en plein état d’éveil, est aussi extrêmement traumatisant et demande une immense retenue mentale pour contrer tous vos mécanismes réactifs intuitifs de survie ou de défense.

Bien que vous sachiez que ce soit pour pour votre bien, et c’est là l’axiome antagonique, il faut en faire son parti et relever toujours la ligne d’acceptance et de tolérance à la douleur. 

Ce texte vis à témoigner l’expérience que j’ai vécu en mon corps, et ce à quoi j’ai assisté.

Le lundi 16 oct 23 – La PICC line 

En gros, pour permettre l’auto-administration d’antibios en intra-veineux, les savants m’ont insérer dans le bras un cathéter (« picc-line ») de 15 pouces depuis mon coude gauche via la veine basilique jusqu’au cœur, qui restera en place durant les six prochaines semaines, durant lesquelles je devrai rester très tranquille. En gros, je ne dois pas suer pour ne pas mouiller le site d’entrée de la ligne, qui se rend au cœur.

J’ai tellement eu mal, et je suis tellement épuisée des attaques physique de mon intégrité que ça me traumatise pour demain la grande opération à l’os.  

Je sais bien que la douleur finira par s’apaiser, mais c’est très violent et invasif comme intervention. 

J’en reviens pas de la douleur que j’ai enduré dans les dernière semaines pour… UNE dent.

Ouais….

Couché sur la table en inox, le bras gauche étendu en perpendiculaire, les techniciens spécialistes du circuit veineux et artériel m’installent un garrot en caoutchouc, juste sous le bras pour couper la circulation le temps de l’intervention. Cela me fait très très mal. Bien que banal, le pincement du caoutchouc du garrot sur la peau est insupportable.

Des larmes de douleurs coulent sur mes deux joues en silence. Je souhaiterais tellement avoir un bâton, ou une poignée ou n’importe quoi auquel m’accrocher la main droite qui pend dans le vide, pendant qu’ils me torturent dans l’autre bras. Me semble ça me distrairait un peu.

La femme à ma gauche qui travaille fort à me rentrer un tube dans le bras pousse et force et taponne en regardant son écran qui lui montre mon intérieur artériel… esti ca fait mal. Elle a de la sueur au front. « Bob! Chu Freeze, ca bouge pu »

le Bob en question arrive, et prend le relais de la femme face à l’écran qui leur permet de voir mon circuit veineux. AyOye esti qu’y me font mal à pousser de même. Et ma main gauche qui n’a plus de sang à cause du garrot. C’est détestable comme impression. Et très douloureux, comme des milliers de petites lames de glace qui vous transpercent la peau. Partout ou il n’y a plus de sang, vos terminaisons nerveuses hurlent pour être abreuver. Bien sur, vous savez que c’est passager, mais dans l’immédiat, sur le moment, tout vous HURLE que vous êtes mal, et de ne pas endurer cela une seconde de plus.

Mais non. Vous devez rester là.

Après 10-15 minutes à endurer l’épreuve, alors qu’ils étaient encore à jouer dedans mon bras gauche, littéralement, j’ai demandé « donnez moi une bonne nouvelle, est ce au moins à 50%? »

« Iiiish pas vraiment, on n’est pas capable de poigner ta veine, ton corps est trop serré, t’es jeune et en super forme, tout est trop tight »

Whaaaat!!?? Damn! j’ai 47 ans! J’étais le plus vieux dans la salle d’intervention! Me semble que ça cloche…

Je vous jure, sur le moment, je les détestais tous.

Ouais ouais, Costa il es gentil pis toute pis toute… mais vous avez pas idée de la violence atomique qui gronde en moi. Sous le coup de la douleur que je devais endurer, en leur mains, je ressentais une immense soif d’impulsion et de réaction. Je leur en voulais de me faire aussi mal, même si c’était obligatoire. Je comprenais pas comment on pouvais faire subir ça à des vieux ou des femmes…

C’était pas normal, mais je n’ai allumé que deux semaines plus tard : c’est pas mon corps qui était trop serré, c’est plutôt probablement le garrot qui bloquait le sang installé à l’épaule, qui rendait si difficile de passer leur diantre de bidule dans mes veines.

Esti qu’ils me faisaient mal à me pousser dans le bras.

Ça a été dur de pas leu fesser dans face, je le jure. Je m’excuse de cette violence exprimée, mais sur le coup, je voulais fesser partout en fait, me semble que mon poing droit aurait tellement decalissé la machine au dessus de mon thorax… je serrais desserrais mon poing droit, serrais desserrais… et la violence en moi était immense contre ces gens qui me faisaient si mal en voulant mon bien. Quel contraste.

Je m’excuse de le dire, mais c’était mon émotion. 

C’est comme un viol. Oui, c’est cela. Exactement comme je l’ai vécu dans les années 2000. Je l’avais oublié même tellement c’était enfoui, oblitéré, géré. Mais là, de vivre ÇA!? De subir cette agression en toute acceptation et passivité? Mon corps se faisait violer et pénétrer de force par ce bout de tuyau et comme seul rempart pour m’en sauver, c’est au fond, tout au fond de ma tête que j’ai dû sauter pour me protéger l’esprit.

La comparaison au viol es dans le fait de se retrouver à subir un traitement, une situation, sur lequel vous êtes impuissant. T’as pas de pouvoir, tu peu pas te sauver, sauf dans ta tête… et c’est interminable.

J’avais bien essayer de l’en empêcher il y a 20 ans, j’avais eu beau crier ou me débattre, il n’avait pas accepté mon non-consentement, et en certain moment, j’ai constaté que mon corps se faisait violer et pénétrer de force par ce bout de tuyau et comme seul rempart pour m’en sauver, c’est au fond, tout au fond de ma tête que j’ai dû sauter pour me protéger l’esprit.

Quand il eu joui, j’étais défoncé, en sang. J’ai rassemblé ce qui me restait de force, me suis habillé et suis sorti sur la rue en marchant avec difficulté. J’ai saigné pendant des semaines et marché comme un handicapé pendant longtemps après cela, mais n’en ai jamais parlé. Je l’avais oublié, complètement.

Jusqu’à ce moment sur la table.

Cette expérience personnelle vécue m’a amené face à moi-même et à confronter mes propres faiblesses, mon intolérances à la douleur. Cela m’a fait revivre le traumatisme de cette expérience enfouie depuis des dizaines d’années… Parce que jamais je n’avais eu à me re-sauver à cet endroit dans ma tête, un endroit ou vous attendez pendant que votre corps se fait ravager. Même pas lors de mon agression de 2022. Au contraire. Mais cette fois-ci…

Thérapositif

Je me trouve bien faible et bien fragile dans l’épreuve, mais par chance il y a des modèles de force et d’inspiration autour de nous. Laissons nous sur une démonstration de courage extraordinaire par mon dernier voisin de chambre qui a été là mon dernier jour. Un homme bon, tellement positif, survivant d’un cancer de la vessie, qui m’a dit deux choses :

« Tu veux rencontrer des gens positifs? Va faire un tour au département d’Oncologie. Ces gens là qui sont tous condamnés s’accrochent à la moindre lueur d’espoir, et restent invincibles dans leur détermination de vivre. »

Ce monsieur m’a lu un célèbre poème de courage.

« Tu connais le film INVICTUS? Malheureusement ils n’y reprennent que 4 ligne du pome, mais laisse moi te lire les 16 lignes »

Poème INVICTUS – Poème de William Ernest Henley (1849-1903) – 1872 

Invictus consolidé 231028

Dans les ténèbres qui m’enserrent,

Noires comme un puits où l’on se noie,

Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,

Pour mon âme invincible et claire.

Dans de cruelles circonvolutions,

Je n’ai ni gémi ni pleuré,

Meurtri par les tribulations,

Je reste debout, bien que blessé.

En ce lieu de colère et de pleurs,

Se profile l’ombre de la mort,

Et je ne sais ce que me réserve le sort,

Mais je suis et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin,

Nombreux les châtiments infâmes,

Je suis le maître de mon destin,

Je suis le capitaine de mon âme

**Remast COSTA 231028

Poème de référence pour Nelson Mandela.

Cette traduction est une consolidation entre plusieurs traductions libres, dont celle du film Invictus ; elle est très libre et assez loin du texte, mais cela donne une idée de ce que l’on chante.

**

Un frère d’arme qui es venu me visiter en surprise  me disait « Chris, tu ne dois pas souffrir seul »

Voilà, une part à vous. 

Moins lourd sur moi.

Et ne vous inquiétez pas.

Là chu down, mais je vais me relever. 

Comme un soldat.

Note de rédaction – ajouter la sonde, le vieillard, les piqures de la femme et le cancer // + réaction auto-imune au pip-tazo

PROCHAIN PUBLICATION DENTAL STORY – 05 – FERMETURE D’AVENTURE – PUBLICATION 21 NOV 2023

3 commentaires

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